Ridha Saidi, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Dossiers économiques, a affirmé que l’ex-gouvernement a protégé plusieurs hommes d’affaires corrompus et que le dossier des interdits de voyage sera traité au cas par cas.
Dans un entretien accordé à l’agence TAP, M. Saidi a déclaré que l’ancien gouvernement n’a pas révélé les noms de certains hommes d’affaires alors qu’il a appliqué la loi concernant d’autres, et parfois avec sévérité, pour des raisons que seules l’histoire et les enquêtes pourront dévoiler.
Il a accusé l’ambiguïté «des décrets en vertu desquels les biens de certains hommes d’affaires ont été expropriés».
Au sujet de la liste des hommes d’affaires interdits de voyage, M. Saidi a indiqué que son élargissement à 430 personnes ne s’est pas basé sur des motifs objectifs, d’autant plus que des noms dont la complicité avec le régime de Ben Ali est confirmée n’ont pas été cités et sont laissés en libre circulation.
Le ministre a évoqué deux catégories d’hommes d’affaires liés à l’ancien régime. La première concerne ceux qui se trouvent impliqués à travers la corruption, les gangs mafieux et les familles au pouvoir qui ont infiltré toutes leurs affaires avec ou sans leur consentement, estimant que cela en fait des victimes. La deuxième «est relative à ceux qui ont choisi de se rapprocher du pouvoir pour réussir leurs business, et qui en portent la responsabilité».
L’ancien régime dictatorial, a-t-il relevé, a monopolisé tous les domaines et essayé de contrôler tous les pouvoirs de l’Etat, y compris l’argent et par-là même les hommes d’affaires.
Toujours au sujet des hommes d’affaires interdits de voyage, M. Saidi a précisé que les dossiers seront traités au cas par cas. Il a, dans ce sens, fait savoir que des propositions ont été présentées et des mesures seront prises au niveau de la présidence du gouvernement et des ministères des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, de la Justice, de la bonne gouvernance et de lutte contre la corruption en concertation avec le patronat tunisien (UTICA), pour débloquer la situation.
Ces mesures prévoient la présentation d’une forme de garantie pour permettre aux concernés de voyager et de mener leurs affaires liées aux marchés extérieurs et aux salons internationaux.
Le ministre a encore expliqué que ces mesures visent à rassurer les hommes d’affaires et à permettre à la justice tunisienne d’exercer l’autorité de la loi en toute indépendance, en attendant le parachèvement de la loi sur la justice transitionnelle, actuellement en cours d’élaboration. Cette loi, a-t-il dit, sera basée sur la reddition de comptes puis la réconciliation afin de garantir le passage de la dictature à l’édification d’un Etat de droit et des libertés.
WMC/TAP