Algérie – Législatives : L’abstention gagnante des élections ?

L’abstention pourrait bien être la grande gagnante des élections législatives de jeudi en Algérie, qui s’annoncent pourtant comme les plus libres de l’histoire du pays. Traumatisée par la guerre civile des années 1990 et soumise à un régime autoritaire, la population accueille avec scepticisme les promesses de changement des islamistes ou des partis proches du gouvernement.

 

Ceux pour qui j’ai voté la dernière fois ont fini en prison. J’en ai soupé”, confie un Algérien d’une cinquantaine d’années désabusé, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, à El Harrach, commune défavorisée de la banlieue d’Alger.

Personne n’a oublié la victoire annoncée du Front islamique du salut (FIS) aux élections de 1991, annulées par l’armée, et les dix années de guerre civile qui ont suivi. Cette fois encore, des islamistes se présentent contre des partis proches du gouvernement mais la population paraît résignée après des années de répression et de résultats frauduleux. La participation pourrait ne même pas atteindre les maigres 35% de 2007.

Même le vent de réforme démocratique du Printemps arabe de 2011, parti de la Tunisie voisine, a peu soufflé sur l’Algérie, le plus grand pays du continent africain. La richesse tirée de ses vastes réserves de gaz naturel a aidé à étouffer les velléités de contestation malgré quelques manifestations pour l’emploi et le logement, mais le processus politique ne passionne pas les foules, plus enthousiasmées par le football et… la présidentielle française.

“Ce sont tous les mêmes partis, pleins d’escrocs et de ripoux”, lâche Hamid Bouchna, diplômé en génie électrique, au chômage.

Le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a appelé à voter, promettant des réformes et des élections libres, mais les trois semaines de campagne électorale ont été marquées par des meetings boudés et des affiches vandalisées.

“Les élections en Algérie n’ont pas bonne réputation. Les gens disent: Je vote mais rien ne change, on voit toujours les mêmes gens, les mêmes partis”, observe le sociologue Nasser Djabi, soulignant que le Parlement possède peu de pouvoir face à un président autocratique.

(Source AFP)

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