La mobilisation était à son comble, ce matin du 9 janvier 2012. Les journalistes n’ont pas manqué à l’appel du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) qui a appelé, le 7 janvier 2012, à un mouvement de protestation à la Kasbah, devant le siège du Premier ministère.
Les nominations effectuées à la tête des médias publics auraient été une surprise pour le syndicat mais aussi l’Instance Nationale de Réforme des médias, y voyant une consécration des anciennes pratiques. Loin des personnes nommées eux-mêmes, les professionnels du secteur dénonce la main mise du gouvernement sur les médias.
« On veut consacrer l’idée de médias gouvernementaux. Il n’y en a pas. Il y a des médias publics qui ne devraient jamais être au service du gouvernement », lance Jawher Ben Mbarek, représentant de la liste « Destourna » et professeur de droit constitutionnel.
Sur les ondes de Shems fm, Néjiba Hamrouni, présidente du SNJT, a même évoqué l’éventualité d’une grève générale dans le secteur si le gouvernement ne révise les nominations qu’il a annoncées samedi dernier.
Pour Ridha Kéfi, membre de l’Instance Nationale Indépendante pour la Réforme de l’Information et de la Communication (INCRIC), « il est hors de question qu’on revienne en arrière, avec des médias contrôlés par le pouvoir exécutif, victime de la censure et de manipulations ».
Il a ajouté que les nominations montrent la volonté du gouvernement à avoir une main mise sur les médias publics, ce qui est très dangereux, selon lui. « Ce que nous demandons est que le gouvernement révise sa décision, consulte les représentants du secteur que ce soit le SNJT ou l’INRIC », lance M. Kéfi.
De son côté, Ahmed Bennour, porte-parole d’Ettakatol, estime que les médias doivent être indépendants du pouvoir exécutif. « La bonne santé de la démocratie dépend des médias. Si les médias vont mal, la démocratie va mal », indique-t-il. Il affirme qu’il faut être solidaire avec ce mouvement de protestation, dénonçant la façon avec laquelle le gouvernement a procédé aux nouvelles nominations.
Mais ce mouvement n’a pas manqué de provoquer la hantise de certains pro-gouvernement – pour ne pas dire des nahdhaouis – qui se sont acharnés à traiter les médias de tous les maux. Ils dénoncent le parti pris de certains médias contre le gouvernement.
M.O