Violence à l’égard des femmes : les lacunes législatives et l’impact sur la société tunisienne

La secrétaire générale de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates, Hala Ben Salem, a souligné qu’après 30 ans depuis l’adoption du Programme d’Action de Pékin, référence mondiale pour les stratégies visant à promouvoir l’égalité réelle et effective entre les sexes, des lacunes demeurent au niveau national, notamment en matière de violence à l’égard des femmes, des changements climatiques, de l’immigration et d’autres questions nécessitant encore un engagement renforcé. L’énoncé de Pékin, adopté en 1995, visait à soutenir les femmes et les filles dans leur quête de l’égalité des sexes et à garantir que la communauté internationale reste engagée dans la lutte contre les inégalités civiles, politiques, sociales, économiques et culturelles. En dépit de la qualité de la législation tunisienne, qui demeure positive, Ben Salem a mis en lumière la disparité entre la législation et sa mise en application réelle sur le terrain, insistant sur la nécessité pour la Tunisie de ratifier la Convention d’Istanbul, qui vise à combattre la violence à l’égard des femmes. Cette convention, ouverte à la signature en 2011, a cependant été abandonnée par la Turquie en 2021, provoquant un débat sur ses impacts sur les relations familiales et la promotion des droits des minorités. Par ailleurs, Ben Salem a évoqué l’évolution inquiétante de la violence envers les femmes, notamment le féminicide et la violence numérique, qui requièrent des ressources considérables pour y faire face. De son côté, l’experte en droit et présidente de l’Association “Beity”, Sana Ben Achour, a souligné les lacunes dans l’accompagnement des victimes de violence, en particulier au niveau des services de santé, déplorant une baisse de la performance des institutions publiques et compliquant ainsi la tâche des organisations de la société civile.