Le changement climatique est le principal défi auquel est confrontée l’agriculture dans les pays du Maghreb (Tunisie, Maroc, Libye et Algérie). En effet, ces pays figurent parmi les 33 premiers pays les plus exposés à la pénurie d’eau dans le monde, selon l’Institut américain des ressources mondiales (World Resources Institute).
Cette situation a poussé les investisseurs agricoles à se tourner progressivement vers des technologies modernes pour protéger leurs cultures.
Dans les champs de la province de Nabeul, en Tunisie, le silence de la nature est troublé par le bourdonnement du moteur d’un drone qui survole les lieux pour collecter des données à partir des images qu’il prend, des capteurs répartis entre les arbres fruitiers et des images satellites. Ces données sont ensuite analysées et un rapport est rédigé pour le paysan, qui sert de guide pour la situation dans son champ.
La société tunisienne naissante “Roboker”, spécialisée dans cette technologie, a lancé ses activités en 2020. Sa fondatrice, Imen Hebiri, explique, tout en surveillant la trajectoire du drone via un écran d’ordinateur dans le champ, que “le recours aux technologies modernes dans le domaine de l’agriculture est devenu une nécessité”.
Hebiri précise qu'”en s’appuyant sur la technologie, on peut réduire la consommation d’eau de 30 %, les dépenses en médicaments et engrais de 20 %, tout en augmentant la productivité de 30 %”.
Les experts de la société posent de nombreuses questions aux propriétaires du champ, d’une superficie de 15 hectares, pour obtenir des informations de base sur la qualité du sol, les méthodes d’irrigation, les types de maladies qui affectent les arbres et la quantité de pesticides, afin de les comparer aux données qu’ils obtiennent des images satellites.
Par la suite, ils fournissent au paysan des recommandations sur ce qu’il doit faire à court et à long terme pour protéger la récolte et augmenter sa production.
La Tunisie connaît sa huitième année de sécheresse consécutive, la quatrième année consécutive, et le niveau de remplissage des barrages, qui constituent la principale source d’eau potable et d’irrigation, a chuté à 22 %. En outre, 20 barrages, dont la plupart se trouvent dans le sud du pays, sont hors service.
La situation n’est pas très différente dans les autres pays du Maghreb. Au Maroc, où l’agriculture représente 13 % du produit intérieur brut, 14 % des exportations et 33 % des emplois, le pays traverse une vague de sécheresse sans précédent depuis des décennies.