La secrétaire générale du Conseil national de l’Ordre des Pharmaciens de Tunisie (CNOPT), Souraya Neifer, a estimé que la résistance aux antibiotiques ou antibiorésistance constitue, aujourd’hui, l’une des plus graves menaces pesant sur la santé, la sécurité alimentaire et le développement.
Elle a rappelé, dans une déclaration à la TAP, que le CNOPT s’est engagé avec un groupe de partenaires pour élaborer un plan d’action national de lutte contre la résistance aux antimicrobiens pour le quinquennat 2019-2023 qui a été suspendu pendant deux ans en raison du Covid-19, mais dont certains objectifs ont été réalisés.
Elle a ajouté que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a prévenu que si aucune action n’est prise, des millions de décès pourraient, chaque année, être imputés à des maladies causées par des bactéries résistantes aux antibiotiques d’ici 2050.
Selon l’OMS, la résistance aux antimicrobiens constitue une menace croissante pour la santé et compromet le développement. Elle nécessite que des mesures soient prises d’urgence dans de multiples secteurs pour que la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) ne soit pas compromise.
Selon l’OMS, la résistance aux antimicrobiens était l’une des 10 plus grandes menaces pour la santé publique auxquelles se trouvait confrontée l’humanité. L’utilisation abusive et excessive des antimicrobiens est le principal facteur ayant conduit à l’apparition de pathogènes résistants aux médicaments.
Le coût de la résistance aux antimicrobiens pour l’économie est considérable. Outre les décès et les incapacités, la durée plus longue de la maladie se traduit pas des séjours prolongés à l’hôpital, le besoin de recourir à des médicaments plus onéreux et des difficultés financières pour les personnes touchées. Sans antimicrobiens efficaces, le succès de la médecine moderne dans le traitement des infections, y compris lors des actes chirurgicaux et de la chimiothérapie contre le cancer, serait mis en péril.
La responsable a fait savoir que le CNOPT s’est de nouveau engagé avec les ministères de la santé, de l’agriculture et des ressources hydrauliques, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’organisation internationale de la santé animale et l’organisation mondiale de la santé dans l’élaboration national de lutte contre la résistance aux antimicrobiens 2019-2023 pour combattre la propagation de la résistance aux antibiotiques à tous les niveaux.
Elle a indiqué que le plan a réussi à réduire les risques de ces bactéries au niveau humain et s’emploie à limiter l’antibioresistance chez les animaux traités avec des antibiotiques sans surveillance, vendus de manière anarchique et dont l’origine est inconnue. Les bactéries résistantes aux antibiotiques peuvent, ainsi, être transmises à l’homme par l’ingestion d’aliments contaminés lors de la chaîne de production alimentaire, ou par contact direct avec les animaux.
Neifer s’est félicitée de l’existence d’un cadre législatif qui réglemente les circuits de distribution, appelant à éviter l’automédication, à élargir la couverture sociale et à suivre des mesures préventives.
Elle a appelé à préserver l’efficacité des molécules existantes, car les laboratoires ne possèdent pas actuellement ou dans les années à venir de nouvelles molécules antibiotiques.
Le CNOPT, a-t-elle dit, a programmé une formation continue au profit des pharmaciens en 2024 sur le thème des bactéries résistantes aux antibiotiques et sur la rationalisation de l’utilisation des antibiotiques.
Les antibiotiques sont des médicaments utilisés pour traiter et prévenir les infections bactériennes. La résistance survient lorsque les bactéries évoluent en réponse à l’utilisation de ces médicaments. Ce sont les bactéries, et non les êtres humains ou les animaux, qui deviennent résistantes.
Les bactéries résistantes aux antibiotiques causent des maladies qui sont difficiles à traiter et qui sont parfois mortelles