Tunisie : Les médias publics, un secteur paralysé malgré un changement dans la relation avec l’Etat

Sadok Hammami, Professeur de l’enseignement supérieur à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI), a relevé que les médias de service public se trouve aujourd’hui paralysé, malgré le changement de la relation entre le secteur et l’Etat, d’un Etat qui a la mainmise sur le secteur à un Etat qui le soutient et l’organise.

Hammami qui participait, jeudi, aux travaux d’un colloque sur les politiques nationales dans le domaine des médias, organisée par le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) a souligné que l’idée de régulation qui a démarré après la révolution, a prouvé son inefficacité et son incapacité à changer le secteur en général.

Nous nous trouvons aujourd’hui face à un secteur hermétique en raison de politiques publiques populistes qui s’acharnent à ôter toute légitimité aux journalistes, a-t-il fait observer.

Et d’ajouter que la réforme des médias publics demeure la première préoccupation pour le secteur tout entier, tant il est vrai que la démocratie demande un service public fort, créatif et innovateur.

Le président du SNJT Yassine Jelassi, a, de son côté, déploré, l’absence de volonté pour mettre en place des politiques capables de développer le secteur. Il a mis l’accent, dans ce sens, sur le besoin d’engager un débat sérieux avec les représentants des différentes structures professionnelles et des représentants du public pour définir ces politiques, précisant que le syndicat et ses partenaires ont des propositions sur cette question.

Il a rappelé que plusieurs projets de loi relatifs à la régulation, l’organisation des sondages d’opinion, le fonds d’appui à la transition numérique et autres, proposés aux précédents parlements et gouvernements sont restés dans les tiroirs.

Pour le président de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA), Nouri Lajmi, qui a également pris part à cette réflexion, le secteur traverse, actuellement, une étape très difficile en l’absence d’un cadre juridique garantissant les libertés de l’information et d’expression. Selon lui, sans soutien de la part des autorités publiques, le secteur ne pourra jamais avancer.