Tunisie – Affaire du député accusé de harcèlement : “Aswat Nissaa” accuse la justice d’atermoiement

Le collectif d’avocats en charge de l’affaire de l’élève qui avait accusé un député de harcèlement sexuel, a considéré lors d’une conférence de presse organisée mercredi par l’association “Aswat Nissaa” (voix de femmes), qu’il y a “atermoiement” dans l’enquête en question, au moment où le député a dépêché un huissier de justice afin d’annuler la conférence de presse, au motif “qu’elle constitue une ingérence dans le cours de l’enquête et porte atteinte à sa réputation”.

L’avocate, Donia Ben Osman, en charge de cette affaire, a nié l’existence de toute “ingérence ou atteinte à la réputation de l’accusé”, expliquant que la conférence de presse a été tenue pour “éclairer l’opinion publique sur l’issue de l’affaire en l’absence d’informations et au vu de la propagation des rumeurs”.

Elle a estimé qu’il y avait “atermoiement sur le déroulement de l’enquête”, Car, a-t-elle ajouté, “deux mois après les investigations préliminaires, les parties n’ont pas été convoquées par le juge d’instruction pour effectuer une confrontation”.

Dans une déclaration à la TAP, Ben Osman a indiqué que “Les deux parties de cette affaire ont été auditionnées séparément par le juge d’instruction le 12 octobre dernier, mais après plus de deux mois, les parties n’ont pas été convoquées à une séance de confrontation, même si la pratique en vigueur dans ce type d’affaire, consiste à tenir une confrontation au bout de quelques jours. ”

Elle a ajouté que “le juge d’instruction n’a pas convoqué l’accusé afin de procéder à une expertise médicale servant à vérifier l’authenticité du dossier médical précédemment envoyé par le député Zouhair Makhlouf”.

Pour sa part, la directrice exécutive de l’association “Aswat Nisaa”, Sarah Ben Said a déclaré à la TAP que l’association tiendra demain jeudi, un sit-in devant le Tribunal de première instance de Sidi Bouzid, au cours duquel des figures de femmes victimes de harcèlement et de viol seront exposées, afin d’attirer l’attention du pouvoir judiciaire sur la question.

Elle a souligné que son association “ne s’est pas impliquée dans la diffamation du député ni enfreint l’obligation de réserve quant à la confidentialité de l’enquête, mais tentait simplement d’éclairer l’opinion publique sur le sort du dossier au vu du ralentissement de l’enquête”.

Zouhair Makhlouf, a envoyé, mercredi matin, un huissier de justice pour annuler la tenue de cette conférence de presse, au motif que l’affaire est désormais entre les mains du juge d’instruction du tribunal de première instance de Nabeul, estimant que “ce genre de conférence constitue une ingérence dans le déroulement de l’affaire et porte atteinte à sa réputation et à celle de sa famille”, menaçant de porter plainte contre l’association.

Makhlouf avait auparavant déclaré à la TAP, qu’il soutenait tout mouvement de protestation contre le phénomène de harcèlement sexuel ou de violence faite aux femmes, dénonçant “l’implication de certaines associations dans une condamnation préalable, avant que la justice ne se prononce dans une affaire, désormais du ressort du pouvoir judiciaire”.