Tunisie – FIH2018 : Rami Khalife ravive l’œuvre de son père Marcel dans un hymne à la vie

Pour l’artiste Marcel Khalife, partager la scène avec son propre fils devra être un moment magique. La sensation devient d’autant plus forte lorsqu’il décide de se produire avec Rami, son ainé, sur l’un des théâtres d’un pays, la Tunisie, qui l’avait accueilli alors jeune.

Le duo père-fils s’est produit, dans une des prestations les plus attendues cet été en Tunisie, avec un premier spectacle présenté, jeudi soir, au Festival International de Hammamet. Sur la scène du théâtre de plein air de cette ville balnéaire assez fréquentée l’été, les festivaliers commençaient à affluer vers les gradins, une heure peu avant le spectacle.

Une fois sur scène, le duo opère un dialogue artistique singulier avec un melting pot sonore agréablement présenté entre nouveaux morceaux et anciennes chansons de Marcel Khalife revisitées. Parmi les nouveautés de la soirée, un poème intitulé “Cri” basé sur la musique. Une âme juvénile se dégage de ce “cri” doux et douloureux à la fois du jeune compositeur entré en transe. Un autre morceau sonore de musique funèbre dédié aux villes arabes est construit d’après une écriture assez novatrice aux influences sonores assez modernes. Rami Khalife porte en lui la splendeur de la musique d’un maître, le dernier de son époque qui continue à émerveiller à chaque fois comme si c’était la première fois qu’on le découvre.

Suite à cette euphorie sonore, Rami et son compagnon à la contrebasse se retirent cédant la place à son père. Venu le moment d’un solo avec son public, à travers une chanson tunisienne “Akher Ellil” (la fin de la nuit), d’après un poème du poète tunisien Adam Fathi. Cette chanson basée sur des maqams orientaux, il l’a chanté en guise d’amour à la Tunisie”, a révélé l’artiste. Il s’est initié au dialecte tunisien dans une chanson qu’il considère “audacieuse” de par le contenu et le message qu’elle véhicule.

Au point de presse à l’issue du spectacle, Rami a déclaré qu’il ne s’agit pas de la première qu’il se produit sur scène avec son père. Après tant d’années durant lesquelles il a accompagné son père dans ses tournées à travers le monde, s’est spontanément imposée l’idée de présenter un spectacle en duo.

Les Khalifé ont toujours eu l’habitude de jouer chez eux, et c’est de là qu’est née l’idée de faire une création commune qui ravive la propre personnalité de chacun des deux artistes dans une sorte de partage à double sens. Pour le jeune Khalife, le but extrême dans cette nouvelle création est aussi de restaurer les souvenirs enfouis dans des œuvres anciennes revisitées de son père. Ce dialogue entre un père et son fils est assez important pour eux, sauf que Rami Khalife se voit prendre un choix unique propre à lui.

Marcel Khalife défend une création en trio (Oud, piano et contrebasse), loin d’être un spectacle conçu pour assurer de la visibilité pour son fils. “Ce qui compte aujourd’hui c’est la jeunesse”, une orientation que l’artiste estime importante à adopter afin de ne pas rester cloitré dans ce même style classique du “takht”.

Longtemps connu pour sa défense des causes humaines justes, Marcel Khalife croit qu’ “avant de libérer notre terre, il faut se libérer nous-mêmes”. Sur ce même aspect relatif à l’engagement, l’artiste porte en lui la sagesse des années d’un créateur pour lequel “le développement de la chanson ne se limite pas au contenu politique, mais dans la création réfléchie qui offre une belle esthétique sonore”.

Ce besoin de rénover est à son avis visible “même dans mes chansons anciennes, telles que ” Ommi”, où à chaque fois je l’interprète différemment..”. Et ce spectacle en trio est pour lui l’aboutissement d’une création extrêmement belle dans ses différentes facettes d’expression.

Le même spectacle de Hammamet sera présenté au Festival international de Carthage. Ce qui diffèrera, certes, sera le public, assez nombreux aussi, comme l’a dit Khalife le fils. Il a parlé d’un choix des chansons qui s’était fait sur celles les plus appréciées et écoutées par le public mais dans une dualité père-fils portant la saveur de son époque. Il a ainsi et au grand bonheur de ses fans venus d’un peu partout, revisite quatre décennies de son répertoire musical garni, ponctuant ses airs par des messages porteurs d’espoirs, des notes d’humour et des hommages à n’en plus finir.

De ses oeuvres ayant fait sa gloire depuis les années 80, Marcel Khalifé continue aujourd’hui à chanter avec la même ferveur et la même exaltation. Ce qui change, beaucoup de sagesse d’un artiste dont la beauté de l’oeuvre ne tarit jamais, une oeuvre qui n’est qu’un hymne à la vie.