Par Ali Abdessalem
La contre révolution, a subi deux revers mémorables. Les deux faits se sont produits, à un intervalle de trois années, un 7 mars.
Khaoula Rachdi, la Marianne de la révolution
Le 7 mars 2012, un intrus, illuminé, grimpe sur le toit de l’un des bâtiments de l’université des lettres au campus de la Manouba, baptisée ‘’Michket Ennour’’, ‘’ Le Graal des lumières’,’ et s’empare du drapeau national. Il s’emploie à le retirer et s’active à dresser la bannière salafiste, à sa place. L’opération allait se dérouler comme un coteau dans le beurre, n’était l’exception tunisienne ! Il faut préciser, au passage que ce n’était pas n’importe quel quidam, mais l’enfant prodige d’Ansar Echariaa-Défenseurs de la chariaa-un groupie de Abou Yadh, gourou. C’était le premier coup de pioche, ou de fanion comme on le voudra, qui aurait institué le califat de la Manouba (Le Manoubistan). Il ne s’agissait pas d’un coup d’éclat d’un jeune enflammé pour la cause, mais bien de la première étincelle d’un complot, bien muri. Celui-ci, a pêché par précipitation. Il entendait bruler les étapes en sautant la case république islamique et aller droit vers le califat. Il s’est fait brûler les ailes par l’exception tunisienne. La justice divine en a jugé, autrement. L’exception tunisienne, ce 7 mars béni, avait le visage, le cœur et le courage de Khaoula Rachdi. La toute jeune étudiante, d’à peine vingt ans, a bondi de nulle part. Elle affronta le scélérat et fit échouer sa vil manœuvre. A mains nus, avec pour unique blindage, sa foi républicaine, et protègée par sa bulle de sécurité son attachement à la liberté, elle, c’est-à-dire, son amour pour la liberté elle fit échec au faux messie. Qu’est-ce que vous dites de ça ?
Le crédo de la révolution : Trahie de l’intérieur, la Tunisie ne capitulera pas
Khaoula Rachdi a eu ces propos historiques ‘’tu peux planter ton fanion à côté de la bannière nationale, je n’y vois aucun inconvénient. La Tunisie peut contenir tous ses enfants (y compris les déviants et collabos, devait-elle penser). Gare si tu tentes de substituer le drapeau noir à la bannière rouge, trempée du sang des martyrs. Je ne te laisserai pas faire. ‘’. En fait de propos c’était en réalité une passe d’armes. Khaoula Rachdi, en ce 7 mars 2012, avait empêché que la révolution tunisienne tombe dans l’ornière de la violence et le rejet de l’autre. C’était le piège que nous tendait le salafisme, idéologie barbare, qui nous est totalement étrangère et dont la finalité était de nous faire recoloniser, par les infâmes. Ce fait d’arme sonnait comme la victoire d’El Alameyn quand Montgomery avait défait le maréchal, nazi, Rommel, sonnant le tournant qui allait modifier l’issue de la deuxième guerre mondiale. Avec ces propos responsables et éclairés Khaoula Rachdi a dit l’essentiel : La révolution nationale, grâce au génie tunisien ne basculera pas dans la violence et évitera au pays le scénario de la guerre civile.
L’acharnement vestimentaire
La conspiration a cherché à s’étendre au-delà de ce seul évènement. Mais la tentative de récupération a tourné court. Changeant son fusil d’épaule, la contre révolution est revenue sur le devant de la scène drapée dans le manteau du Niqab. Le Conseil scientifique national, cimenté par la ferveur patriotique, là encore, se dressa en brise lame, et dévoila la manœuvre laissant à nu ses funestes instigateurs. Il faut se dévoiler le visage, tel est le prix de la franchise universitaire si chèrement acquise. Habib Kazdaghli, doyen de l’université résista de toutes ses forces et fit échouer le projet. Seul face à l’adversité il n’a pas mis genou à terre laissant l’université garder la tête haute.
Ben Guerdane, le rempart de la révolution
Un autre 7 mars 2016, la contre révolution a tenté son va tout en s’infiltrant, de manière lâche comme à son accoutumée, à Ben Guerdane. Ses ouailles pensaient, par un vil coup de baroud, retourner la population et faire régner le spectre du califat. Le sang noble des martyrs, empêcha, une fois encore, cette abjecte machination de se réaliser. La Tunisie, a montré une résilience à toute épreuve. Sa révolution est un projet de civilisation qui n’en veut à personne et qui vit la cohabitation au concret. Finalement c’est de la civilité des meurs politiques de la révolution, que certains regardent comme de l’indolence ou de l’impuissance que nous tirons notre force. Le sens de l’état inculqué par l’état de l’indépendance a finalement triomphé. La révolution tunisienne parviendra-t-elle toutefois à s’auto immuniser contre la contrebande, ferment de la contre révolution. Sa survie en dépendra. Là, réside le véritable défi.