Une femme tunisienne doit continuer à travailler jusqu’au 22 février 2017 pour gagner l’équivalent d’un salaire annuel d’un homme qui aurait travaillé jusqu’au 31 décembre 2016′, soit deux mois supplémentaires de travail, a révélé une enquête, réalisée par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE), auprès d’un échantillon de 300 entreprises.
L’enquête, dont les résultats ont été présentés, jeudi, à Tunis, lors du premier Forum de la diversité, organisé sur le thème ” La diversité des genres dans les entreprises tunisiennes : impératif économique”, montre que l’écart entre les salaires des femmes et des hommes en Tunisie s’établit à 14,6% contre 20% en Belgique, 19,3% en Suisse, 19,2% en grande Bretagne, 21% en Allemagne, 24% en France et 21% aux Etats-Unis.
” C’est dire que cet écart est aussi important dans les pays dits développés, voire plus important que dans notre pays ” a commenté Majdi Hassen, directeur exécutif de l’IACE.
Calculée pour la première fois en Tunisie, la Journée d’Egalité salariale (Equal Pay Day), initiée par The International Federation of Business and Professional Women (BPW International), vise à attirer l’attention sur le gap salarial existant dans la majorité des pays entre les femmes et les hommes.
Le directeur exécutif de l’IACE a, en outre, affirmé qu’une Journée de sensibilisation sera organisée le 22 février 2017, pour mettre l’accent sur la nécessité d’instaurer une dynamique favorable à la mixité au sein du tissu économique, et qu’un rapport sera désormais annuellement établi pour suivre l’évolution de ce gap.
L’enquête réalisée en collaboration avec l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ), montre également, que bien que les femmes soient plus nombreuses à sortir d’études supérieures (66%), elles représentent à peine 26% de la population active. Par ailleurs, parmi les chefs d’entreprises, 11,7% seulement sont des femmes, et elles ne sont que 37% à pouvoir accéder aux conseils d’administration.
Dans son intervention, Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE, a souligné “qu’une plus grande égalité des genres est corrélée à un PIB par habitant plus élevé et que la participation des femmes au marché du travail stimule la croissance économique. On constate aisément que les progrès s’avèrent plus rapides et ont une plus grande portée dans les pays et les entreprises qui favorisent l’égalité des genres.
A titre d’exemple, le Rwanda est un pays qui est actuellement en forte expansion économique et d’après le Global Gender Gap Index 2016, du World Economic Forum, sur 144 pays, ce pays se classe en cinquième position, tout juste après la Suède et la Norvège, alors que la Tunisie n’est qu’à la 126e place “.
Le ministre-conseiller auprès du Chef du Gouvernement, Taoufik Rajhi, qui assistait à ce débat, a mis l’accent sur les progrès accomplis par la Tunisie en matière de diversité des genres, évoquant le décret Présidentiel n° 2016-1 du 12 janvier 2016, en vertu duquel un conseil consultatif dénommé ” conseil des pairs pour l’égalité et l’équivalence des chances entre la femme et l’homme “, a été créé auprès du chef du gouvernement. Selon Rajhi, certains classements internationaux ne reflètent pas ces progrès et reposent sur des critères ” pas très clairs “.
Il a aussi mis en doute l’écart salarial entre hommes et femmes, qui ressort de l’enquête de l’IACE. Cet écart étant, selon lui, une donnée très minutieuse, dont le calcul requiert des techniques beaucoup plus complexes, qu’un simple questionnaire adressé aux entreprises.
Il a, également, souligné le potentiel de la main d’œuvre féminine disponible en Tunisie, estimant ” qu’améliorer la participation de la femme dans la vie économique, permettrait d’améliorer la croissance potentielle de l’économie tunisienne de 2 points supplémentaires “.