L’absence d’informations concernant les services de santé et les problèmes d’orientation, de discrimination et d’accueil des migrants au niveau des services de santé, sont les obstacles pratiques qui privent les migrants résidants en Tunisie des soins de santé, révèle une étude menée en 2016, par Médecins du monde-Belgique en Tunisie et présentés jeudi, lors du dernier rendez-vous aves les “jeudis du plaidoyer”.
Cette étude, qui a porté sur un échantillon de 600 migrants vivant dans le grand Tunis, a été présentée par la juriste consultante auprès de Médecins du monde Sarra Hanafi. Elle prouve que le sentiment d’être dans l’illégalité, d’être criminalisé, et l’insécurité qui en découlent, font craindre au migrant de devoir justifier de la régularité de son séjour, et l’amènent donc à renoncer à recourir aux structures de santé.
” Cette appréhension est d’autant plus dissuasive que le migrant n’a pas accès à des informations concernant ses droits, les services qu’il peut requérir et les procédures à suivre “, a souligné Hanafi, précisant qu’à la précarité économique caractéristique de la situation du migrant en situation irrégulière, s’ajoute la vulnérabilité liée à l’incrimination et le sentiment d’insécurité.
En effet, le statut juridique du migrant, régi par la loi réglementant le séjour en Tunisie, criminalise le séjour irrégulier en Tunisie et prévoit des peines de prison pour tout étranger en situation illégale, en plus des sanctions administratives d’éloignement et des pénalités, cumulées au fur et à mesure du prolongement du séjour.
Les problèmes de manque d’information uniformément diffusée auprès du personnel de santé et de sensibilisation quant au droit d’accès des migrants aux services de santé et d’une manière générale aux droits des migrants, peuvent aboutir, selon Hanafi, à des pratiques discriminatoires à l’égard des migrants et à des disparités, dans la pratique, au niveau de leur accueil, autant d’obstacles qui rendent cet accès fort aléatoire.
Pour sa part, la coordinatrice de Médecins du Monde-Belgique en Tunisie, Leila Garbouj, a affirmé que ce plaidoyer s’inscrit dans le cadre des trois projets que mène son organisme en Tunisie, soulignant l’importance de la standardisation des critères de vulnérabilité, et la prise en considération des spécificités des conditions des migrants.
D’autres communications portant sur les “Défis de l’accès aux soins pour les migrants: Expérience de l’OIM en Tunisie” et les “Dispositifs de recueil des données relatives aux populations migrantes dans les structures de santé”, ont été présentées lors de ce jeudi du plaidoyer.