La réalisatrice Selma Baccar est de retour au 7ème art avec un long-métrage intitulé “Al Jaida”, fiction d’une heure et 45 minutes dont elle a récemment effectué le dernier de tour de manivelle.
Après plus de six semaines de tournage dans différentes zones de la Capitale dont la vieille médina de Tunis et le quartier de Montfleury, la réalisatrice peaufine actuellement le montage de son film qui “devra sortir sur grand écran dans les trois prochains mois”, annonce Selma Baccar dans une interview accordée à l’agence TAP.
Le casting du film réunit plusieurs célébrités du cinéma tunisien dont Wajiha Jendoubi, Fatma Ben Saidane, Souhir Ben Amara, Selma Mahjoubi, Najoua Zouhir, Raouf Ben Amor, Khaled Houissa et Taoufik El Ayeb.
Du genre drame historique, cette fiction jette la lumière sur la vie de quatre femmes de différents âges et milieux sociaux réunies dans une même résidence “Dar Jaoued” vivant dans les années 50 ans, huit mois avant l’indépendance (entre octobre 1954 et juin 1955).
La domination masculine de l’époque les confronte à des situations difficiles et des histoires faites de souffrance et de douleur.
Dans une société patriarcale et une époque où les hommes avaient le droit de punir leurs épouses sur décision du juge qui appliquai et les commandements de la doctrine malikite et hanafite, elles se trouvent condamnées à rentrer à “Dar Echaraa” afin de se soumettre aux ordres de leurs conjoints même si ceci constituait une oppression pour elles.
Le scénario du film écrit par la réalisatrice elle même entre 2007 et 2008 a eu le soutien en décembre 2010 du ministère de la Culture à l’époque. Suite aux bouleversements survenus en Tunisie après la révolution du 14 janvier 2011, Selma Baccar dit avoir choisi de réécrire le script en collaboration avec l’actrice Wajiha Jendoubi qui joue le rôle principal.
La réécriture du scénario lui a permis de placer le film dans un contexte plus large afin qu’il puisse transmettre un message plus profond et complet, notamment après l’expérience politique de la réalisatrice en tant que députée pour le bloc démocratique à l’Assemblée nationale constituante (ANC).
A cet égard, Salma Baccar a estimé que les acquis de femme tunisienne depuis la promulgation du Code du statut personnel, le 13 août 1956, jusqu’à aujourd’hui “dépendent du degré de vigilance et du combat des militants des droits humains, femmes et hommes”.
“Partant du rôle central et important joué par la femme dans tous les domaines, la préservation des droits des femmes constitue en fin de compte une prévention de la société et une garantie pour son équilibre”, a souligné la cinéaste.
“Le film revient donc sur les dangers vécus par notre société et la femme en particulier suite à la tentative d’un bloc particulier au sein de l’ANC à faire passer un texte dans le préambule de la nouvelle Constitution de la République tunisienne qui veut inclure un texte de loi faisant de la Chariaa (loi islamique) la principale source d’inspiration de toutes les lois constitutionnelles”, a-t-elle indiqué.
“Ce choix des caractères et du scénario revêtent pour elle une symbolique porteuse de sens et de messages plus larges que l’histoire même du film qui font appel à la nécessité de s’opposer aux idées réactionnaires en continuant le combat afin d’instaurer les droits humains, garantir le droit de pensée et d’expression et respecter le droit à la différence”, souligne l’artiste tunisienne.
Dans le nouveau script, Selma Baccar a introuduit un nouveau personnage, celui d’une fillette de dix ans (joué par la propre fille de Wajiha Jendoubi), témoin de la souffrance de sa mère des pratiques et idées réactionnaires. Une fois grandie, elle adhère à l’action politique pour devenir membre de l’Assemblée constituante et fervente défendatrice des droits des femmes, allusion à l’action politique menée par Salma Baccar après la révolution.
Voulant donnant une touche de réalité à son oeuvre, la dernière scène du film a été tournée au siège de l’ANC en présence de vingt députés du bloc démocratique en pleine séance plénière qui exprimaient leur point de vues et défendaient les libertés et droits des citoyens.
Baccar promet au public cinéphile, une œuvre de haute facture où sont réunis tous les éléments d’une production cinématographique qui simule le patrimoine tunisien côté esthétique, performance dramatique, décor, costumes et maquillage.