La promotion de la situation de la femme et la protection de ses droits exigent l’incitation des décideurs à concrétiser les principes fondamentaux de la Constitution tunisienne et l’application réelle des lois, a affirmé vendredi Ridha Gataa, Président Directeur Général de l’Office National de la Famille et de la Population (ONFP).
Gataa s’exprimait lors de la deuxième table ronde des cercles de la population et de la santé de la reproduction, tenue vendredi, à Tunis, à l’initiative de l’ONFP sous le thème ” Droits de la femme tunisienne : la législation et la réalité “. La rencontre, placée sous le patronage du ministère de la Santé, entre dans le cadre des célébrations de la fête nationale de la femme.
“Cette rencontre est une occasion pour mettre la lumière sur les problématiques et les obstacles entravant la consécration des droits de la femme en Tunisie”, a-t-il déclaré, soulignant que les défaillances figurent, notamment, au niveau de l’inadéquation entre la législation et la réalité.
Il a également évoqué les disparités régionales enregistrées sur le plan des services sanitaires touchant, en général, la femme, et en particulier celles portant sur la santé reproductive.
Le PDG de l’ONFP s’est en outre félicité des efforts déployés en faveur de l’institutionnalisation de la lutte contre la violence à l’égard des femmes, citant, notamment, la récente adoption par le conseil des ministres, du projet de loi organique relatif à la lutte contre la violence à l’égard des femmes.
Pour sa part, Habiba Ben Romdhane, présidente de l’Observatoire National des Inégalités Sociales en Santé (ONISS) a fait le point sur les transitions en Tunisie et la santé de la femme, énumérant les défis à relever et les objectifs fixés à l’horizon 2030 en faveur de l’amélioration des conditions de vie de la femme tunisienne et la garantie de son développement durable.
“Un défi majeur doit être pris en considération par les politiques nationales, c’est celui de la lutte contre les disparités régionales touchant notamment les femmes”, a-t-elle indiqué, mettant l’accent sur l’inégalité de la distribution des services particulièrement sanitaires entre femmes urbaines et femmes rurales, entre couches sociales et entre régions.
“La lutte contre la violence à l’égard de la femme a des répercutions néfastes sur sa santé physique et mentale, et cela constitue un autre défi à relever dans les années à venir, afin de protéger la dignité des femmes”, a-t-elle encore insisté.
Selon Ben Romdhane, les stratégies et programmes nationaux relatifs à la santé , mis en place en Tunisie depuis la promulgation du Code du Statut Personnel (CSP), sont caractérisés par leur aspect général, sans prendre en considération les spécificités féminines, a-t-elle fait remarquer, citant l’exemple de l’obésité et les risques qu’affronte la femme agricultrices à cause de l’usage de produits chimiques et des pesticides dans le domaine de l’agriculture.
Evoquant les objectifs à atteindre d’ici 2030, la responsable de l’ONISS a souligné la nécessité de veiller à réduire d’un tiers, par la prévention et le traitement, le taux de mortalité prématurée des femmes, et à promouvoir leur santé mentale.
L’avocate à la Cour de Cassation et présidente de l’Association Vigilance et Egalités des Chances (AVEC), Khadija El Madani a présenté, dans ce même cadre, une lecture critique du CSP (1956-2016), appelant à la nécessité d’une relecture de ce Code afin de l’adapter à la nouvelle Constitution tunisienne et aux Conventions internationales relatives à la protection des droits de la femme ratifiées par la Tunisie.
Mettant en garde contre la non application de la loi, la militante s’est alarmée du taux de mariages coutumiers (Orfi)enregistré en Tunisie.
La lutte contre ce genre de pratique, dont les femmes et les enfants sont les premières victimes, est une responsabilité commune impliquant aussi bien les magistrats, la société civile que la femme elle-même, a-t-elle insisté.
En marge de cette rencontre, un film documentaire relatant l’histoire de l’ONFP a été projeté.
Créé le 23 mars 1973, l’ONFP est une institution publique placée sous la tutelle du ministère de la Santé. Il a pour mission de mettre en œuvre la politique nationale en matière de population, notamment en planification familiale et la santé reproductive.