Six courts-métrages réalisés par des cinéastes tunisiennes ont été projetés lundi soir à l’Institut du monde arabe (IMA) à Pa ris à l’occasion de célébration de la Journée internationale de la femme. Cette soirée a été organisée en partenariat avec l’Association Cinéma Tunisien.
Les deux documentaires réalisés respectivement par Moufida Fadhila et Intissar Belaid donnent la parole aux enfants pour s’exprimer spontanément sur leurs rêves et comment ils ont vécu la révolution tunisienne. Dans “Hors-je”, Moufida Fadhila a accordé dans son court sept minutes aux enfants du quartier populaire Cité Ettadhamen pour parler de leur avenir et de leurs rêves.
Les personnages clés se bousculent devant un objectif fictif d’un enfant du quartier pour fixer un regard sur l’avenir. “Je rêve de demain”, “je rêve que…de devenir”, “je rêve de devenir chirurgien…libre et partir…de me marier”, tant de voeux exprimés par les enfants de la cité qui écrivent le monde à travers tout simplement leurs rêves, précise Moufida Fadhila.
Pour dessiner ce monde, la réalisatrice a zoomé sur les yeux des enfants tout en ayant recours à un bruitage d’ambiance marqué par les cris stridents des enfants qui se bousculent pour écrire leurs rêves sur une porte vétuste du quartier.
Le deuxième documentaire “Les Pousses de printemps” fortement applaudi par le public est réalisé par Intissar Belaid en 2014. D’une durée de 23 minutes, il rend hommage aux enfants de la localité El Faj située à 11 kilomètres du Kef. Un groupe d’enfants originaires d’une zone rurale s’expriment à leur manière sur la révolution, le départ de Ben Ali et de sa famille proche, les élections…Des réponses ambiguës à l’image de la situation dans laquelle se trouve une grande majorité des Tunisiens depuis le 14 janvier 2011.
Le documentaire était marqué par des couleurs verdoyantes qui font référence aux “Pousses de printemps”. La réalisatrice a choisi l’espace naturel comme lieu de tournage tout en introduisant des marionnettes à chaque fois qu’il s’agit de parler des personnalités évoquées par les enfants.
La présence des enfants dans les films projetés à l’Institut du Monde Arabe à Paris était marquante. “Peau de colle” de Kaouther Ben Henia, qui dure 23 minutes, fait allusion à l’ambition des enfants et des futures générations à se détacher des ordres des parents et des traditions. Il raconte l’histoire d’une petite fille, placée de force par sa mère dans une école coranique (El Kotteb) et qui a trouvé des subterfuges pour s’en échapper.
“Laisse-moi finir” de Doria Achour, “A Capella” de Nidhal Guiga, “Et Roméo a épousé Juliette”, de Hinde Boujemaa, trois courts-métrages de fiction, racontent chacun une histoire différente des jeunes tunisiens, des adultes et des personnes âgées.
“Laisse-moi finir” retrace en dix minutes la vie des jeunes tunisiens dans la tourmente de la révolution. Ils donnent leurs avis sur les événements à travers un va-et-vient entre les espaces publics, -qui se sont transformés après la révolution- et les endroits fermés, devenus des espaces de débats et de libre expression.
A travers son histoire personnelle, la réalisatrice donne la parole aux jeunes qui essayent de comprendre la mutation de la société tunisienne après la révolution.
Les histoires des deux courts-métrages “A Capella” et “Et Roméo a épousé Juliette” se passent respectivement dans des espaces fermés. La réalisatrice d’A Capella, Nidhal Guiga, retrace en une quinzaine de minutes, l’histoire d’une femme chargée d’angoisses dans une discussion avec son psy. Et Hinde Boujemaa, dans “Et Roméo a épousé Juliette” raconte au bout de dix huit minutes l’effet du temps sur un couple de personnes âgées, dont la vie devient lassitude.