“En Tunisie, plus des 3/4 des jeunes dont la tranche d’âge varie de 15 à 29 ans, travaillent dans l’économie informelle”, révèle un rapport portant sur la jeunesse tunisienne et l’économie informelle, réalisé en 2015 par le Bureau de l’emploi en Tunisie (BIT).
“L’économie informelle n’est pas nécessairement celle de la contrebande, puisque elle englobe l’emploi informel (qui n’est pas couvert par la sécurité sociale) et l’emploi dans les micro- entreprises qui ne sont pas enregistrées ou n’enregistrent pas leurs salariés”, a indiqué à la TAP, Jacques Charmes, expert consultant auprès de l’organisation internationale du travail (OIT), en marge d’une journée de réflexion, organisée, vendredi à Gammarth, sur la “jeunesse tunisienne face aux défis de l’emploi” et consacrée à la présentation des résultats d’études menées sur cette question.
Selon Charmes, la montée de ce créneau est due principalement à un système de protection sociale assistanciel et mal ciblé qui limite l’extension du système assuranciel et à des formations inadaptées qui prolongent la durée de la transition des jeunes vers le marché de travail.
Le modèle national de productivité basé sur des activités à faible valeur ajoutée et le commerce transfrontalier de contrebande, figurent également parmi les facteurs favorisant l’économie informelle.
le même rapport évoque, une étude menée auprès d’une dizaine de jeunes, en 2015, dans les localités de Kasserine, Sahaline (gouvernorat de Monastir) et de la cité Ettadhamen (gouvernorat de Tunis, qui révèle une certaine idéalisation de ces jeunes de travailler dans le secteur de la fonction publique.
D’après cette étude qui a été menée par l’observatoire national de la jeunesse, ce secteur est convoité par les jeunes, en raison de sa stabilité et de la sécurité sociale qu’il offre (santé, maternité, retraite…)
même s’ils considèrent que l’administration manque d’efficacité et que le népotisme et la corruption minent son efficacité. C’est cet objectif inatteignable qui pousse les jeunes à travailler dans l’économie informelle, a assuré, Jacques Charmes, indiquant, dans ce sens, que l’emploi public ne pourrait pas résoudre les problèmes du chômage en Tunisie.
Il a, dans ce contexte, souligné la nécessité de revoir le système éducatif, qui est, tout aussi, critiqué par les jeunes interviewés. Interrogé sur les mesures de lutte contre l’économie informelle, Charmes a souligné la nécessité d’élaborer un livre blanc sur l’emploi informel et la jeunesse en Tunisie et d’engager une réforme du système de fiscalité douanière.
Financé par le gouvernement italien en partenariat avec le BIT, le rapport sur la jeunesse tunisienne et l’économie informelle, s’inscrit dans le cadre du projet “Un appel à l’action: la crise de l’emploi des jeunes en Tunisie”.
Il a été présenté, lors de la journée de réflexion sur la jeunesse tunisienne face aux défis de l’emploi, journée qui s’inscrit dans le cadre de la préparation de la feuille de route du dialogue social et de la future stratégie nationale de l’emploi.