La Bourse de Tunis a cumulé 13 semaines de baisses consécutives, depuis l’attentat de Sousse (du 26 juin jusqu’au 28 septembre 2015), indique Moez Hadidane, gestionnaire de fonds chez «Axis Capital» (intermédiaire en Bourse), dans un entretien avec l’Agence TAP.
Les pertes enregistrées sur la place de Tunis se sont montées à 8,1%. Elles s’étaient accentuées avec la récession économique, qui a eu un effet immédiat sur les cours des sociétés cotées.
L’indice de référence de la bourse de Tunis a limité son gain à 4,23%, au cours de cette période et la balance des variations a affiché 34 valeurs en hausse contre 43 titres en baisse.
Pourtant à la veille de l’attentat de Sousse, le Tunindex avait atteint son plus haut historique de 5770,32 points, soit un rendement de 13,37% (depuis début 2015). “Dans un environnement caractérisé par une récession économique, la persistante des menaces terroriste et des revendications sociales, créent un environnement tendu pour les investisseurs qui préfèrent s’éloigner momentanément de la bourse et même thésauriser leur argent, en attendant des jours meilleurs”, explique Hadidane.
“La récession économique a, également, un impact psychologique sur l’activité boursière. En l’absence de visibilité, l’investisseur devient réticent et préfère ne pas investir dans un marché risqué”.
«Par nature, l’investissement en bourse est un placement risqué parce que l’investisseur parie sur la réussite d’une entreprise. Dans un contexte de crise, les investisseurs anticipent la baisse des bénéfices des sociétés, ce qui se manifeste par une baisse des cours (plus de pression sur l’offre que sur la demande)”, souligne-t-il.
La recapitalisation de la BNA couverte par les titres SFBT
Depuis le début de l’année 2015, le rendement du secteur des banques a atteint 10,07%, tiré par les performances de la BH, la STB et la BNA, précise le Gestionnaire de Fonds chez Axis.
L’analyse des indices sectoriels montre que “le secteur des banques a pu résister à la conjoncture économique difficile grâce à l’amélioration des cours des actions des trois banques publiques, à la suite de leur recapitalisation”.
C’est ainsi, que la BH et STB ont enregistré des performances respectivement de 82,54% et 33,4%.
De son côté, la BNA a enregistré une performance de 69,47%, du fait qu’elle détient 14% du capital de la SFBT. Avec la forte hausse de cours de cette société, la BNA a cédé 3,08% de ses parts dans la SFBT, pour dégager une plus-value de 85,131 millions de dinars (MDT) et dispose encore d’une plus-value potentielle de 254 MDT. Cette opération couvrirait les besoins de recapitalisation de la BNA, avance Hadidane.
La SFBT a dégagé une performance de 23,11%
Depuis le début de l’année et jusqu’au 28 septembre 2015, la SBFT a dégagé une performance positive de 23,11%, sachant que ce titre a terminé 2014, avec un rendement de 89,67%.
Le gestionnaire de fonds explique la performance de la SFBT par l’autorisation de la Commission supérieure d’investissement (CSI), lors de sa réunion du 13 janvier 2015, de relever la participation des investisseurs privés dans le capital de la SFBT, de 49,9%, à 51,57%. En effet et conformément au décret n° 2014-3629 du 18 septembre 2014, le franchissement du seuil de 50%, autorise la prise de participation dans le capital d’une entreprise tunisienne, par les étrangers, jusqu’à 66,66%.
La SFBT a, aussi, réussi à tirer, en 2014, l’indice du Tunindex à la hausse (+16,17%).
De même, les services financiers constitués par le leasing et les sociétés d’investissements, ont enregistré une performance grâce à la société de placement et développement industriel et touristique (SPDIT), filiale de la SFBT qui a connu un gain de 16,74%.
Parmi les valeurs qui ont pu résister à la crise économique figurent Eurocycle qui a enregistré une belle performance de 99,8%.
Le secteur des bâtiments a enregistré une forte chute de 26,74%
Par contre, le secteur des bâtiments et des matériaux de construction a enregistré une forte chute de 26,74%. Cette régression est liée essentiellement, à la baisse des cours des cimenteries: Carthage Cement (CC) et la société des Ciments de Bizerte (CB) ont été impactés par la récession économique qui a touché le secteur de l’immobilier. CC et CB ont affiché des pertes respectives de 47,42% et 31,94%.
«Le secteur du ciment se caractérise par un excèdent de l’offre (capacité de production nationale) par rapport à la demande. Aujourd’hui, on estime que la demande nationale de ciments varie entre 6 et 7 millions de tonnes alors que la capacité de production des cimenteries en Tunisie est estimée à environ 13 millions de tonnes », souligne Hadidane.
Dans le secteur de l’immobilier, SIMPAR a enregistré un repli de 26,87% et ESSOUKNA a chuté de 31%.
Dans l’ensemble, l’indice des matériaux de base a enregistré une performance négative de 13,62% et le secteur de distribution a chuté de 8,3%.
“Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut que l’Etat intervienne par la réalisation d’investissements productifs et notamment des méga-projets d’infrastructure, afin de doper la machine économique. Les prêts collectés par l’Etat doivent être orientés vers l’infrastructure et vers les dépenses productives”, recommande t-il.
Dans un contexte marqué par un manque de visibilité et par une faible initiative privée, il est nécessaire d’agir sur l’économie réelle dont le miroir est la bourse. Il importe aussi, d’améliorer la qualité de la demande à travers l’introduction sur la cote de la bourse, d’institutionnels qui veulent investir sur le moyen et long termes (MLT).
Il fait savoir, dans ce contexte, que la caisse des dépôts et consignations (CDC) encourage à constituer de nouveaux fonds qui seront investis en bourse, à travers une participation des investisseurs dans 25% de chaque fonds nouvellement créé. C’est une stimulation de la demande en bourse à travers un effet de levier.