Tunisie : La saison de migration vers le nord des pêcheurs de Kalaat El Andalous

L’arrivée au lac de Kalaat El Andalous (gouvernorat de l’Ariana), situé à dix kilomètres de la ville, n’a pas été difficile à la faveur de la route asphaltée y menant et arpentant le bord de mer, mais la beauté du site cache des réalités et des secrets racontés par les pêcheurs qui contemplent avec beaucoup d’amertume l’ensablement du port.

A notre arrivée, le port de pêche de Kalaat El Andalous était déserté par plus de 700 pêcheurs, ses anciens habitués, qui ont immigré vers d’autres ports proches comme la Goulette, Bizerte et Nabeul, après l’arrêt des activités de ce port depuis 2006.

Pour cause, le canal de navigation a été envahi du nord au sud par le sable qui s’entasse d’une année à l’autre et bloque totalement le mouvement des bateaux.

«Le port fait partie de notre vie quotidienne et constitue une fierté pour les habitants de Kalaat El Andalous », estiment un nombre de pêcheurs, mais le problème de l’ensablement et l’échec des gouvernements qui se sont succédés à traiter ce dossier, sont la cause de l’échec et probablement de la disparition de l’activité de pêche ».

Et d’ajouter, nous n’avons pas trouvé d’oreilles attentives de la part des autorités régionales et de tutelle malgré nos doléances et les mouvements de protestation».

Pour ces pêcheurs, les visites des représentants des partis politiques et de l’Etat «ne sont que de simples campagnes électorales et des tergiversations politiques ». Sur terrain, le port de pêche de cette ville que nous avons trouvé fermé et sans aménagement, dispose d’une infrastructure de base assez importante.

Il s’agit de 4 quais flottants pour l’accostage de bateaux de 320 mètres de long et d’une route aménagée sur une longueur de 355 mètres pour traverser les quais. S’agissant de l’infrastructure de gestion, le port comporte 20 espaces de stockage de commerce de plus de 5 mètres (chaque espace), une galerie et un marché aux poissons sur une superficie de 600 mètres.

Le port comporte en outre des équipements à l’instar d’un appareil de fabrication de glaçons d’une capacité de 2,5 tonnes par jour.

Une grue d’élévation de bateaux d’une capacité de 15 tonnes et une station d’hydrocarbures pouvant stocker 10 mille litres y sont également installés. Tous ces équipements sont en panne et en état de délabrement à cause de l’abandon et la non utilisation.

Pour palier cette situation lamentable, le ministre de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche Saad Seddik a pris, au cours d’une récente visite au gouvernorat de l’Ariana, des dispositions urgentes pour sauver la saison de pêche dans la région.

Ces décisions concernent la location d’un appareil chargé de retirer une partie du sable et d’ouvrir la voie aux bateaux de pêche en profondeur dans l’attente de l’achèvement de l’étude portant sur l’aménagement du port et de trouver une solution radicale au problème de l’ensablement qui menace désormais les activités des pêcheurs.

Le département de l’agriculture devra acquérir, au cours des prochains mois, une pelle mécanique de creusage qui travaillera en continu pour ouvrir une brèche dans l’allée ensablée. L’objectif est de dissuader les pêcheurs de se diriger vers d’autres ports, une revendication urgente des habitants et des pêcheurs.

Il s’agit en outre de mobiliser des investissements pour la maintenance des équipements, l’aménagement de l’infrastructure et la garantie du retour de l’activité de pêche dans le port dont la capacité de production est estimée à 600 tonnes, alors qu’en 2014, le port n’a produit que 148 tonnes.

Ce dernier peut accueillir 80 bateaux de pêche côtière alors qu’actuellement il n’en accueille que 30 à moteur ainsi que 62 embarcations à rames après le règlement de la situation de leurs propriétaires en 2012. A rappeler que la flotte du gouvernorat de l’Ariana de bateaux à moteur actifs dans les régions voisines est composée de 123 bateaux, dont 30 dans le port de Kalaat El Andalous.

Dans une déclaration à la correspondante de TAP dans la région, des pêcheurs estiment que le gouvernorat de l’Ariana peut participer au développement de la production nationale de pêche, outre la création d’emplois directs et indirects au sein du port et la limitation de la migration des pêcheurs vers les ports voisins.