L’Observatoire tunisien de la justice transitionnelle sera créé d’ici fin mai prochain, a annoncé mardi Omar Safraoui, président de la Coordination nationale indépendante pour la justice transitionnelle (CNIJT) à l’agence TAP.
Lors d’un atelier de présentation et de discussion organisé à Tunis, Omar Safraoui a indiqué que l’Observatoire aura un rôle purement académique et scientifique.
“Il sera chargé du suivi et du contrôle de toutes les activités en rapport avec le processus de justice transitionnelle ainsi que des publications et des études scientifiques”, a-t-il indiqué.
Il a, en outre, précisé que l’Observatoire assurera la veille, le suivi, l’analyse et l’accompagnement du processus de justice transitionnelle afin de garantir que le recensement et la reconnaissance des violations graves des droits de l’homme et la sanction des responsables de ces violations s’effectuent selon des processus équitables conformément au droit tunisien et aux conventions internationales.
Safraoui a signalé que les cinq associations fondatrices de l’Observatoire à savoir la CNIJT, le Labo démocratique, le centre Al Kawakibi pour les transitions démocratiques, l’Association tunisienne de défense des valeurs académiques et l’association Al Bawsala ont élaboré un projet de statut de l’Observatoire.
“Nous œuvrerons à la garantie de toutes les conditions de réussite pour la création de cet Observatoire qui sera l’un des principaux acquis de la société civile », a-t-il ajouté.
Pour sa part, M. Kamel Jendoubi, ministre chargé des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, a affirmé l’importance de créer ce centre qui vient consacrer un suivi permanent de la société civile du processus de justice transitionnelle en Tunisie.
Cette nouvelle réalisation coïncide avec le démarrage de la réception des dossiers par l’Instance vérité et dignité. A la date du 16 avril courant, l’Instance a reçu plus de 10800 dossiers, a-t-il encore noté.
Le ministre a également évoqué le débat relatif à la période considérée pour l’application de la justice transitionnelle. Cette période remonte selon certains à 1956, date de l’indépendance et les événements qui ont suivi, dont le mouvement youssefite, le coup d’Etat de Lazher Chraiti (1962), les nationalistes, les marxistes, les Baathistes ou encore les mouvements estudiantins et le mouvement islamiste sous le règne de Bourguiba ou encore de Bn Ali.
“Des questionnements peuvent être aussi posés sur le nombre des victimes dont certaines ont trouvé la mort sous la torture (48 personnes)”, a-t-il encore relevé.
“On devrait tous aussi convenir de la nécessité de relativiser les atteintes qui ont eu lieu dans notre pays dans la mesure où la Tunisie n’a pas connu, comparé à d’autres pays tels l’Afrique du sud ou le Maroc, des atteintes de grande ampleur aux droits humains. Il existe aussi des différences entre les atteintes aux droits humains enregistrés dans le pays et les mécanismes mis en place pour la reddition des comptes et la réconciliation, a encore expliqué le ministre.
“Il est impératif aujourd’hui de concentrer les efforts sur l’affirmation du droit à la vérité qui trouve des fondements dans le référentiel juridique international”, a-t-il insisté.
A noter que l’atelier de présentation et de discussion fait suite à une journée de réflexion sur l’opportunité de la création d’un Observatoire tunisien pour la justice transitionnelle organisée le 13 octobre 2014.