L’état des lieux du livre et des écrivains tunisiens a fait l’objet d’une rencontre organisée hier au parc des expositions du Kram avec la participation des représentants de l’Union des écrivains tunisiens, de la ligue des écrivains libres et du syndicat des écrivains de Tunisie.
La rencontre, à laquelle ont pris part notamment Mohamed Jabelli et Jelloul Azzouna de la Ligue, Slaheddine Hamadi, président de l’Union des écrivains tunisiens et Sami Snoussi, représentant du syndicat des écrivains, a permis de soulever plusieurs questions notamment la situation alarmante du livre et de l’auteur dans le paysage culturel, le non respect des droits d’auteurs et les diverses failles au niveau du fonctionnement du ministère de tutelle.
Les intervenants ont estimé que la situation alarmante des écrivains a constitué une véritable entrave pour les écrivains dès lors qu’ils ne bénéficient pas des droits d’auteurs et à la lumière de leurs conditions sociales. Autant de facteurs qui les ont poussé à appeler à la création du “Fonds de dignité de l’écrivain tunisien”.
A cet égard ils ont critiqué la réduction du budget du ministère de la culture et l’inégalité de distribution du budget entre les différentes disciplines (Cinéma, théâtre, danse, littérature etc) estimant que ceci constitue une preuve de la marginalisation du secteur du livre.
Ils ont, par ailleurs, signalé le monopole de certains employés et responsables du ministère de la culture en ce qui concerne les voyages à l’étranger devrant être réservés aux intellectuels tunisiens et créateurs dans toutes les disciplines en vue d’échanger les projets et enrichir les expériences littéraires, artistiques et autres.
Dans ce sens, ils ont réaffirmé la nécessité d’unifier les efforts pour mettre en place une stratégie culturelle cohérente et globale avec la participation de tous les intervenants dans le paysage culturel appelant à la réactivation du Conseil supérieur de la culture, représentatif à travers le vote, de toutes les disciplines artistiques et culturelles.
A l’unanimité, les intervenants ont estimé que l’absence d’un véritable marché du livre et l’incapacité des maisons d’édition à distribuer en dehors de la capitale sont autant de facteurs qui n’ont pas aidé à faire connaître la littérature tunisienne.
D’autres estiment que les pouvoirs politiques successifs n’ont pas accordé l’importance requise à la culture ni d’ailleurs aux intellectuels. Données et chiffres à l’appui, la littérature tunisienne dans les programmes scolaires n’a pas dépassé 2,8 pour cent, ce qui représente un pourcentage trop faible par rapport à la présence de la littérature algérienne dans les programmes d’enseignement en Algérie (30 pour cent).
La rencontre qui s’est déroulée sans public a été marquée par la présence de la militante des droits de l’homme Corinne Kumar, secrétaire générale de l’Organisation internationale El Taller, une organisation qui a durant une dizaine d’années ouvert ses portes aux manifestations et activités de la Ligue des écrivains tunisiens libres, lors de la période de la répression et de la censure.