La visite en Algérie de Béji Caïd Essebsi, président de la République, devrait-elle être considérée comme prématurée dans un contexte tunisien où les négociations pour gagner le maximum de voix pour accorder le vote de confiance au gouvernement ont presque créé une ambiance de «Souk ou dallel» à Dar El Dhiefa à Carthage?
En tout cas, alors que le gouvernement algérien était presque au complet à l’accueil du président tunisien, celui-ci n’était accompagné d’aucun ministre. Quoi de plus évident alors que le nouveau gouvernement n’était pas encore opérationnel.
Les thèmes débattus lors de la visite présidentielle se sont limités aux complémentarités des deux modèles tuniso-algériens, aux enjeux sécuritaires que posent les zones frontalières, à la nécessité d’y remédier par une stratégie socioéconomique efficiente et l’importance du rétablissement de la sécurité en Tunisie comme condition sine qua none pour sa relance économique.
Les chefs d’Etat algérien et tunisien ont eu un long entretien où la question libyenne a été soulevée. Ils se sont accordé tous les deux sur la nécessité de trouver des solutions pacifistes, encourager le dialogue entre les différents belligérants et œuvrer à encourager les initiatives appelant à mettre fin à la violence.
Le projet pour la création d’une carte d’identité frontalière pour pouvoir mieux gérer le mouvement entre les bandes limitrophes tuniso-algériennes a été évoqué. Il a pour objectif d’identifier les individus circulant couramment entre les deux pays et d’éviter le risque de passage de personnes non identifiées et à haut risque sécuritaire. La possibilité d’organiser communément des opérations militaires communes a été également suscitée, mais d’après certains observateurs, cela relève du vœu pieux.
En somme, la visite en Algérie a plus relevé de la courtoisie que de la visite d’Etat dans le sens classique du terme.
Elle a eu lieu alors que pendant des jours et des jours, nous avons, dans notre pays, assisté à un remue-ménage incroyable où ceux ou celles qui pensaient avoir été nommés ministres ou secrétaires d’Etat retrouvaient le lendemain «leurs places prises»… Et ceux qui n’imaginaient pas se retrouver dans le gouvernement récupéraient comme par enchantement les places du cercle des ministres promus et tout de suite après déchus. Mais c’est la politique et dans le cas tunisien, beaucoup d’œufs ont été cassés pour préparer une omelette que nous espérons digeste…
Pendant ce temps, BCE préparait sa visite chez notre plus proche voisin et notre allié de toujours: l’Algérie. La formation gouvernementale ne relèverait pas de ses prérogatives, et comme il l’a déclaré aujourd’hui même à l’occasion de la séance de passation des pouvoirs entre ancien et nouveau gouvernement, «le chef du gouvernement peut, lui-même, attester que je ne suis pas intervenu dans le choix de ses ministres».
Espérons que le gouvernement dans lequel Béji Caïd Essebsi n’est pas intervenu réussira à sortir le pays du goulot d’étranglement dans lequel il se débat depuis des années.
Amel Belhadj Ali