Tunisie élections 2014 : Ce qu’attendent les sportifs des futurs représentants du peuple

Les sportifs et dirigeants des instances sportives nourrissent bien des espoirs pour la promotion du sport, domaine plus ou moins négligé après les bouleversements de la révolution tunisienne, et ce à la veille des élections législatives 2014 qui marquent la mise en place des institutions politiques permanentes.

Pour Mokhtar Dhouib, l’ex-défenseur international du CS Sfaxien, la priorité pour les responsables est l’amélioration de la situation financière des clubs “qui ont pâti de grandes difficultés lors des dernières années”.

“Les grands clubs aussi bien que les petites associations ont un besoin urgent de soutien financier et d’un intérêt plus accru du prochain parlement”, a-t-il ajouté.

Adepte du parrainage des associations sportives par les entreprises, Dhouib a estimé que cette solution est inéluctable à court ou à long terme, appelant à l’amendement des statuts des associations de manière à leur permettre de se doter de sources de financement permanentes qui seront investies dans la modernisation de l’infrastructure et la formation des jeunes “creuset du sport tunisien et la solution à l’hémorragie de devises causée par les recrutements”, a-t-il indiqué.

Il a relevé que “le dossier du professionnalisme nécessite de plus grands efforts pour combler les grandes lacunes dont il souffre à cause de l’improvisation qui a conduit à un lourd fardeau financier supporté par les associations et créé deux catégories de joueurs et d’entraîneurs, l’une pauvre et l’autre très riche. “Je suis pour un plafonnement des salaires de manière à atténuer le fossé entre le niveau entre les clubs”, a-t-il estimé.

L’ex-international sfaxien des années 70-80 relève que le sport féminin doit faire partie des priorités pour le nouveau pouvoir élu dans le domaine sportif en profitant d’un minimum de soutien financier afin de mener à bien ses programmes et activités sportives. L’entraîneur de l’AS Marsa, Mondher Kebaier, partage la même opinion. Il se prononce pour un plus grand investissement dans le sport, creuset pour les activités à vocation sociale et économique.

“Le développement du sport en Tunisie peut avoir des répercussions positives sur l’éducation de la jeune génération et sur la santé des individus, contribuer à résorber le chômage, créer des sources de financement aux clubs et rehausser l’image de marque de la Tunisie”, a-t-il estimé.

Kebaier estime également important la mise en place des aéroports à grande capacités d’accueil et leur exploitation au plan international tout en offrant l’opportunité à la sélection nationale de disputer ses matches à Monastir, Tozeur et Djerba et autres villes du pays.

Il se prononce d’autre part pour l’amendement des lois régissant le domaine du sport en permettant aux clubs de se transformer en sociétés ayant le droit de mener des transactions commerciales afin de s’assurer des sources de financement et de pouvoir ainsi développer leurs activités à l’instar de plusieurs clubs européens.

Pour le technicien marsois, “il importe aussi de réviser l’emploi du temps scolaire pour intensifier la formation”, indiquant que le volume des entraînements dans les clubs tunisiens ne dépasse pas 40% de celui réservé au jeune footballeur européen, “ce qui influe négativement sur la carrière du jeune sportif tunisien notamment après l’âge de 18 ans”. “Il n’y a pas d’autre alternative pour perfectionner la formation des jeunes que d’instituer le temps partiel d’enseignement se terminant quotidiennement à 15h00 afin qu’ils puissent avoir le temps de s’entraîner”, a-t-il ajouté.

Selon le directeur technique de la fédération tunisienne de volley-ball, Kamel Rekaya, la chambre des représentants du peuple doit trouver des solutions législatives au problème du financement des clubs.

“Si chaque club suspend ses activités pour cause de problèmes financiers, il exposera ses joueurs à plusieurs dangers dont la corruption, la drogue, les mauvaises fréquentations”, a-t-il fait remarquer précisant que “les représentants du peuple doivent prendre conscience de l’importance du sport dans l’édification d’une société saine et dans le développement du pays”.

Il a, par ailleurs, mis l’accent sur le rôle des municipalités et des collectivités locales et régionales dans le financement des petits clubs, rappelant que le soutien de ces structures aux clubs a diminué ces dernières années en raison de la situation que connaît le pays. Le DTN de la FTVB n’a pas manqué d’attirer l’attention sur le manque de législation régissant le sport féminin, soulignant que “ce secteur nécessité une bonne coordination entre les différentes structures concernées par la jeunesse, du sport, de l’enseignement et de l’éducation”.

Il a également appelé à la révision de la question du temps scolaire à même de permettre à la jeune fille et aux différentes catégories des jeunes de pratiquer le sport. Quant à Mourad Bellakhal, président de la JS Kairouan, le renforcement de l’infrastructure sportive dans les différentes régions du pays est une nécessité absolue tout comme le soutien financier des petites associations sportives, désormais menacée de disparition.

“Il est indispensable d’associer les entreprises privées dans l’investissement sportifs selon un nouveau code législatif qui transformera les associations en sociétés anonymes ouvertes aux investissements étrangers et capables d’assurer leur auto- financement”, a-t-il fait remarquer. Le président du club olympique de Médenine de football, Sami Hamroun, a soulevé, pour sa part, le manque d’infrastructure sportive dans la région notamment les terrains de football.

Il a à son tour mis l’accent sur la situation financière des clubs qui subsistent grâce à leurs supporters et à leurs présidents, et appelé à la révision de cette question et “à revoir l’apport des municipalités et des gouvernorats à ces associations qui doivent être traitées sur le même pied d’égalité”.

Même son de cloche pour le président de l’ES Zarzis, Mouldi Abichou qui a non seulement appelé à la révision du volet financier des clubs mais aussi à la restructuration de ces associations.

Les mêmes attentes ont été avancées par Abdessalem Rakkad, président de l’US Ben Guerdane qui a mis en exergue le déséquilibre régional et son influence sur la situation financière des clubs.

“Les campagnes électorales ont porté beaucoup de promesses concernant le domaine sportif, mais leur concrétisation reste le défi à relever par les futurs représentants du peuple”, a-t-il souligné. S-jk-bak