Des intellectuels et des acteurs de la société civile ont demandé vendredi à la France des excuses et des dédommagements “pour les crimes de guerre” commis lors du bombardement par les forces coloniales de la ville de Sfax le 17 juillet 1881 faisant près de mille martyrs.
Des témoignages et analyses d’historiens et des chercheurs ont été présentés lors d’une soirée-débat organisée hier soir au “Borj Ennar” à Sfax sur le thème “la bataille de Sfax 1881 ou l’épopée qu’on cherche à faire oublier”.
Les intervenants ont souligné “l’atrocité et la violence” de la colonisation et le bombardement par le colonisateur français de la région de Sfax, citant des faits relatifs à la brutalité des forces coloniales françaises à l’égard des résistants parmi les sfaxiens ou encore des tribus qui leur ont prêté main-forte. Ils ont aussi évoqué les exécutions sommaires de combattants ou encore les incendies qui avaient été provoqués dans la mosquée de Sidi Bouchoucha dans la vieille ville de Sfax où les habitants de la ville ont trouvé refuge.
Les chercheurs ont aussi donné des témoignages et cité des documents d’archives et des ouvrages, dont celui écrit par dr. Ridha Kalel “Sfax et la colonisation: épopée d’une résistance 1881-1956”. Ces documents évoquent les habitations et les récoltes qui ont été incendiées ou encore le pillage des biens de valeurs dont la clé de la ville de Sfax, la copie du Coran de la grande mosquée de Sfax, le drapeau et les bijouteries de la ville.
Le chercheur Abdelwahed Mokni a demandé pour sa part la réécriture de l’histoire et à rendre justice à la ville de Sfax qui avait été, avec la ville de Gabès, « les seules villes côtières qui ont opposé une résistance à la colonisation », selon M. Mokni.
Les tableaux de peinture réalisés par des artistes français accompagnant les contingents français témoignent de la barbarie et de la sauvagerie des forces de colonisation qui ont cherché à gommer la lutte des habitants de Sfax contre l’occupant.
“Ces illustrations constituent une preuve des crimes de la France et un témoignages par les français eux-mêmes de la sauvagerie de leurs actes qui requiert des dédommagements des habitants de Sfax”, a estimé pour sa part Asma Baklouti.
Les participants à la rencontre ont recommandé la création d’un musée et d’un centre de documentation pour rassembler et conserver les manuscrits et les archives qui se trouvent en France et dans d’autres pays. Ils ont aussi appelé à réaliser des études et recherches en vue de la réécriture de l’histoire de la Tunisie et différentes régions dans le pays.