Deux tiers des tunisiens appuient la participation de la femme à la vie politique, selon les résultats d’un sondage présenté samedi à Tunis.
“L’appui à la participation de la femme à la vie politique est toutefois moins marqué lorsqu’il s’agit d’une femme membre de la famille”, relève l’enquête puisque seuls 52% des personnes interrogées disent encourager les femmes de leur entourage à faire de la politique.
Le sondage, effectué en octobre 2013, auprès d’un échantillon de 3772 personnes issues des 24 gouvernorats en Tunisie, a relevé des constats nuancés en fonction des régions et des catégories d’âge.
Réalisée par le projet de soutien au processus électoral en Tunisie relevant du PNUD, l’enquête “vise à apporter des données statistiques aux candidats potentiels, hommes et femmes, pour les prochaines échéances électorales”, a expliqué Mme Rabab Baldo, responsable du projet.
Les résultats du sondage ont montré un décalage dans l’appui apporté par les Tunisiens aux femmes avec un pôle en faveur de cette participation constitué essentiellement des gouvernorats de Monastir, Ariana, Bejà, Ben Arous, Sfax et Nabeul d’une part, et un pôle de résistance constitué des gouvernorats de Medenine, Kasserine, Sousse, Sidi Bouzid, Tataouine et Siliana, d’autre part.
L’enquête a effectivement permis de révéler une régression de l’appui apporté aux femmes en politique notamment à Sfax et Sousse traditionnellement connue comme des régions ouvertes à la participation de la femme dans ce domaine.
La résistance à la participation des femmes en politique se manifeste aussi à hauteur de 64% parmi les jeunes âgés entre 18-29 ans comparés aux personnes âgées entre 45 et 59 ans qui appuient cette participation à hauteur de 71%, constate l’étude présentée par Hichem Guerfali, représentant de “3C Etudes”.
Ce même constat a été relevé dans une récente enquête portant sur la femme rurale et l’accès aux services publics, souligne Mme Dorra Mahfoudh, sociologue et militante féministe. “Nous avons relevé une désaffection et même une auto-exclusion de manière générale des jeunes de la vie politique”, a dit Mme Mahfoudh.
L’enquête du PNUD montre que cette désaffection à l’égard de la participation de la femme à la vie politique se profile également dans les intentions de vote avec 18% de l’échantillon qui déclare un vote pour les femmes, 50% pour les hommes. A cet égard, on relève aussi une tranche de 32% d’indécis et d’abstentionnistes qui ne se prononcent ni contre ni pour la participation de la femme.
Plusieurs lectures ont été données de l’enquête. Selon Mme Dorra Mahfoudh, sociologue et militante féministe “il est impératif de contextualiser les résultats de l’enquête”.
Des intervenantes ont aussi affirmé la nécessité de tenir compte de l’aspect genre dans l’analyse des résultats de l’enquête. L’absence de ce paramètre a lourdement pesé sur la signification des résultats présentés, ont-elles affirmé.