Des experts en terrorisme ont mis en garde, jeudi, contre les risques encourus avec le retour dans le pays des Tunisiens partis combattre dans divers foyers de tension.
Cette mise en garde a été lancée lors d’un colloque sur le thème “Terrorisme en Tunisie : le phénomène et comment le combattre”, organisé par l’Association des anciens officiers de l’Armée nationale (AAOAN), en collaboration avec le Centre tunisien d’études de sécurité intégrale et avec le concours de la Fondation Hanns Seidel Stiftung.
Pour l’expert en stratégie prospective, Mazen Chérif, le retour au pays des Tunisiens en provenance des pays en guerre et des foyers de tension, la situation en Tunisie s’annonce “très difficile”. Les “escadrons de la mort” qui ont été entraînés dans le seul but de former une arme de destruction ne seront pas maîtrisables, a-t-il estimé.
Mazen Chérif a imputé la propagation du terrorisme à divers instigateurs, dont certaines puissances qui échafaudent des plans dont l’exécution est confiée par ce qu’il qualifie de “crédules” ainsi qu’aux responsables qui, selon lui, sont incapables d’évaluer les risques encourus.
Pour sa part, le Colonel-major à la retraite Mokhtar Ben Nasr a estimé que les premiers à subir le contrecoup du terrorisme en termes économiques et sécuritaires sont les peuples et non pas les régimes, du fait de son impact désastreux sur leur niveau de vie et leur quiétude.
De son côté, le membre du comité directeur de l’AAOAN, le colonel-major, Mouldi Meddeb, a relevé que les cellules terroristes dormantes sont actives tout le long de la bande frontalière longeant la Libye et l’Algérie, du fait du soutien financier et logistique d’AQMI (Al Qaida au Maghreb islamique).
Le péril que présente ces cellules est étroitement tributaire de l’évolution de ses relations avec les groupes terroristes établis à l’étranger. Passant en revue les principales caractéristiques du terroriste, il a notamment rappelé sa propension à se sacrifier pour ses idées et ses convictions.
Selon Mouldi Meddeb, les groupes terroristes utilisent des armes “simples” et “non sophistiquées”. Pour s’armer, ils comptent sur la contrebande et le marché noir qui, a-t-il dit, sont leurs principaux pourvoyeurs en armes, souvent fabriqués dans des ateliers artisanaux ou provenant de vols d’armes de militaires et de sécuritaires lors des opérations terroristes.
Pour sa part, le président de l’Association tunisienne des économistes, Mohamed Haddar, a souligné le lien étroit entre le terrorisme et la contrebande, précisant que l’un et l’autre représentent une source de financement et un moyen pour introduire illégalement des armes. Il a indiqué que la propagation du phénomène du terrorisme dans le Maghreb et en Tunisie est dû à plusieurs facteurs, dont l’affaiblissement de l’Etat, le phénomène de l’enrichissement rapide outre le foisonnement d’armes en libre circulation en Libye.
Dr. Tahar Laamouri, capitaine à la retraite, a recommandé la création d’un centre d’études spécialisé en terrorisme qui comprendrait des psychologues capables de définir les traits de caractère du terroriste, relevant que le milieu socioculturel et le niveau matériel ne peuvent, à eux seuls, constituer des facteurs pouvant expliquer comment une personne ordinaire peut se muer en terroriste.
Plusieurs hauts gradés de l’armée à la retraite et des officiers d’active ainsi que des politiques et des acteurs de la société civile ont pris part à ce colloque.