Tunisie : La sécurité sociale a besoin d’une nouvelle approche socioéconomique

Des experts en sécurité sociale et des syndicalistes ont affirmé jeudi la nécessité de mettre en place une nouvelle approche socioéconomique pour la réforme du système de sécurité sociale outre le contrôle du phénomène de l’économie parallèle et la lutte contre le chômage.

Lors d’une conférence organisée à Tunis sur “la sécurité sociale en Tunisie: réalités et défis” à l’initiative du forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) en collaboration avec l’union générale tunisienne du travail (UGTT), les participants ont mis l’accent sur la nécessité de revoir les axes du projet de réforme du système de sécurité sociale présenté par le gouvernement en 2010 et qui consiste en l’augmentation des cotisations, le prolongement de l’âge de la retraite ainsi que la réduction des avantages.

Khaled Zdiri, expert en sécurité sociale et membre du syndicat général de sécurité sociale a recommandé l’évaluation de l’impact des solutions proposées sur les équilibres financiers des caisses sociales signalant que la réforme du système de sécurité sociale doit se faire en parallèle avec la réforme du système fiscal.

Dans ce contexte, il a ajouté que l’assuré social n’est plus en mesure de préserver la pérennité de ce système estimant qu’il n’est pas possible de faire augmenter les cotisations qui alourdiront ses charges.

Il a, en outre, fait remarquer que la difficulté de la conjoncture économique actuelle a eu des répercussions négatives sur les équilibres financiers des caisses sociales enregistrant en 2012 un déficit financier de 242 millions de dinars.

La caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) a épuisé toutes ses ressources et que le régime de retraite au cours de 2012 a enregistré un déficit de 170 millions de dinars, a-t-il encore dit.

De son côté, le secrétaire général adjoint chargé de la couverture sociale, de la santé et de la sécurité professionnelle Abdelkrim Jrad a souligné la nécessité de rechercher de nouvelles sources de financement et d’améliorer la gestion des ressources financières des caisses sociales.

Il a également indiqué que l’Etat doit prendre en charge la couverture des ressources financières consacrées aux catégories vulnérables pour préserver les équilibres financiers des caisses.

“Auparavant, les ressources financières des caisses sociales ont été épuisées par les dépenses relatives à la solidarité sociale et le financement de certaines associations œoeuvrant dans le domaine des personnes handicapées”, a-t-il fait remarquer.

Abdelkrim Jrad a estimé que la situation n’est pas aussi catastrophique et qu’il est inutile de s’inquiéter pour les pensions de retraite malgré toutes les difficultés.

“Les pensions de retraire seront versées aux bénéficiaires dans leurs délais”, a-t-il tenu à préciser.

Il a indiqué que la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) dispose de ressources lui permettant de verser les pensions de retraite de 13 mois tandis que la CNRPS ne dispose que d’un mois de réserve sachant que les pensions de retraite sont estimées à 160 millions de dinars par mois.

“Comme solution provisoire, l’Etat pourrait prendre en charge les dettes de certains établissements publics auprès de la CNRPS et qui dépassent les 200 mille dinars”, a suggéré M. Jrad.

Massoud Romdhani, représentant du FTDES a souligné que l’enjeu actuellement n’est pas de prolonger l’âge de la retraite mais qu’il s’agit d’adopter une nouvelle approche socioéconomique.

Il a estimé que les solutions provisoires adoptées par les gouvernements précédents n’ont pas donné de résultats et le déficit des caisses sociales ne cesse d’augmenter de jour en jour alors que la société civile est capable aujourd’hui de trouver les solutions adéquates.

Adnène Hanchi, professeur agrégé en médecine de travail et docteur à l’hôpital universitaire de Monastir a évoqué dans son intervention intitulée “les dangers professionnels dans les secteurs public et privé” les écarts qui existent au niveau de l’indemnisation des dégâts professionnels entre les deux secteurs et relatifs essentiellement aux services.

L’intervenant a mis l’accent sur la nécessité d’unifier les systèmes de sécurité sociale pour garantir une meilleure protection des employés outre l’importance de mettre en place un nouveau système de santé et de sécurité professionnelle pour maîtriser les dangers professionnels.