Des historiens, des sociologues et des juristes ont souligné, mardi, lors d’une conférence tenue à Tunis sur “les violations des droits de l’Homme en Tunisie (1956-2013) entre histoire et mémoire” que l’identification des violations commises depuis l’indépendance jusqu’à l’année en cours est la clé de la justice transitionnelle, affirmant que l’établissement de la vérité permettra de définir les moyens d’indemniser les victimes, de préserver la mémoire nationale et de réaliser la réconciliation nationale.
Mohamed Safraoui, président de la coordination nationale indépendante pour la justice transitionnelle, a précisé que la révélation de la vérité sur les violations des droits de l’Homme prépare le terrain à la reddition de compte et permet d’écarter les politiciens impliqués dans ces actes de la scène politique.
Il a, en outre, souligné l’importance d’une volonté politique claire et de normes objectives pour le jugement des coupables. Il a, par ailleurs, fait observer que l’adoption de la loi sur la justice transitionnelle s’est déroulée dans un temps record exprimant son insatisfaction de cette version notamment en ce qui concerne les articles 23 et 43 dont il recommande la révision.
De son côté, Mounir Thabet, coordinateur résident des Nations Unies en Tunisie a indiqué que la création de la commission Vérité et Dignité permettra de déterminer les responsabilités et de garantir la justice et l’indemnisation des victimes, soulignant l’importance de la concertation sur la manière de traiter le dossier des violations anciennes.
Michelle Toubiana, président du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme a précisé que la reconstruction d’une classe politique exige le dialogue, la communication et le travail dans le cadre de la démocratie et du respect des droits humains faisant remarquer que l’historisation des violations permet d’éviter la récidive.
Pour sa part, la directrice du centre international de la justice transitionnelle, bureau de Tunis, Rim Kantri, a estimé que l’adoption par l’Assemblée nationale constituante de la loi sur la justice transitionnelle est un pas positif dans le processus de transition démocratique étant donné qu’il est basé sur une approche inclusive dans les différentes étapes de l’identification des violations commises, l’indemnisation des victimes, la reddition de compte, l’assainissement des structures de l’Etat et la réalisation de la réconciliation nationale.
Neila Zoghlami, secrétaire générale de la coordination nationale indépendante pour la justice transitionnelle, a fait savoir dans une déclaration à l’agence TAP que l’historisation de 60 ans de violations aidera la commission Vérité et Dignité à veiller à la bonne application de la loi sur la justice transitionnelle soulignant l’importance du rôle dévolu à la société civile dans l’établissement de la justice transitionnelle.
Organisée par la coordination nationale indépendante pour la justice transitionnelle, la rencontre se poursuit jusqu’au 19 décembre avec le soutien de la Fondation Euro- méditerranéenne de Soutien aux Défenseurs des droits de l’Homme, le Programme des Nations Unis pour le Développement, le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, le Réseau Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme, Avocats Sans Frontières, le Centre International Pour la Justice Transitionnelle et le Conseil National marocain des Droits de l’Homme.
Des expériences comparées dans le domaine de la justice transitionnelle notamment celle du Portugal, la Pologne, le Maroc et l’Afrique du sud seront présentées lors de cette conférence outre les violations enregistrées au cours et après la révolution tunisienne essentiellement celles qui ont ciblé les martyrs, les blessés de la révolution et leurs familles, ainsi que les évènements de Siliana.