140 millions pour Tunisair : De la poudre aux yeux?

L’Etat a décidé de consacrer dans son budget 140 millions de dinars au profit de Tunisair, compagnie battant pavillon national pour l’aider à se remettre en selle. Une déclaration faite par Elyess Fakhfakh, ministre des Finances et approuvée ensuite par une autre d’Abdelkrim El Harouni, ministre du Transport.

La mesure prise par le gouvernement aurait pu être des plus appréciées et appréciables si ces fonds là étaient un don accordé à Tunisair pour résoudre des problèmes financiers qui s’accumulent depuis des années et qui ont été aggravés par l’acquisition de moyens et gros porteurs dont les échéances arrivent bientôt à terme.

Mais la réalité est toute autre car les 140 millions de dinars seront déposés à la CDC comme garanties pour que la compagnie aérienne nationale puisse contracter des prêts auprès des banques. La CDC qui renfloue elle même ses fonds grâce à la vente, entre autres, des biens confisqués.

De nouveaux emprunts, c’est ce que les dirigeants seront acculés à faire auquel cas, ils ne pourront pas payer les salaires des employés de la compagnie au mois de décembre.

Pire, ce sont les dettes qui vont s’accumuler et accentuer le déficit de Tunisair d’autant plus qu’elle rencontre des difficultés de paiement avec nombre de ses fournisseurs dont la SNDP qui risquerait d’arrêter l’approvisionnement de la compagnie aérienne nationale en kérosène.

La solution proposée par le gouvernement relève comme toujours du provisoire car les difficultés structurelles dont souffre Tunisair restent inchangées. C’est un peu le raisonnement par l’absurde de “Ahyini lioum ou oktolni ghoudoua” (Accordes moi la vie juste pour aujourd’hui, tu pourras me tuer demain). Mais jusqu’à quand? Jusqu’à ce que la compagnie incapable de solutionner ses problèmes de charges d’exploitation et le poids de son endettement voit sa situation se compliquer  et ses difficultés s’aggraver? Ce qui facilitera, diront certains, sa cession pour une bouchée de pain? Cela arrangera bien les choses pour nombre de ceux qui ont d’autres agendas que celui de sauver TunisAir.