Tunisie : Rencontre entre Plantu et les caricaturistes du Maghreb à la foire internationale du livre

Une rencontre très attendue du public avec Jean Plantu, célèbre dessinateur français, et des caricaturistes pour la majorité venus du Maghreb, s’est tenue, mardi soir, au Kram dans le cadre de la foire internationale du livre (FILT, 25 octobre-5 novembre).

Le thème choisi étant “Dessine-moi la paix en méditerranée” a eu pour objectif d’établir un état des lieux de la liberté d’expression au Maghreb et en Afrique et de présenter les expériences des dessinateurs dans la donne politique actuelle.

Etaient, notamment présents, les dessinateurs de presse tunisiens Chedly Belkhamsa, Lotfi Ben Sassi, Dlog, Nidhal Ghariani, Nadia Khiari, Tawfiq Omrane, les algériens Baki et Slim, le marocain Khalid Gueddar, le Libyen Nizar Ali Siala, le Burkinabé Damien Glez et le Belge Pierre Kroll.

A cette occasion, Plantu a rappelé que l’association “Cartonning for peace” est née d’une rencontre qu’il avait eu avec l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies à New York, Kofi Annan, au lendemain de la mort de 50 personnes au Pakistan après des manifestations organisées suite aux caricatures danoises jugées blasphématoires par beaucoup de musulmans portant sur le prophète Mohamed.

A ce sujet, il déclare, “je ne suis pas là pour déranger par les blasphèmes, même si je milite pour la liberté d’expression”. “Beaucoup de gens ont pensé que les danois ont humilié les musulmans, essayons d’etre plus malins” affirme-t- il. Il a cité à titre d’exemple le dessinateur danois Carsten Graabaeck qui travaille pour le journal “Politiken” et qui a flouté l’image du prophète Mohamed dans l’un de ses dessins aux cotés de Jésus et de Moise, une manière de dire que tout peut être dessiné sans pour antant faire des caricatures qui pourraient être jugés blasphématoires.

Le lybien Nizar a pour sa part parlé de son expérience du temps de l’ancien dirigeant libyen Kadhafi, et des menaces de représailles qu’il avait eu par téléphone, suite à un dessin qu’il avait fait de lui et de son proche parent Ahmed Gadhef Eddam, ce dernier arborant un ventre proéminent sur lequel était incrit “ville de Barqa”.

Il affirme :”la rue libyenne ne demande qu’à parler mais ne trouve pas de tribune et c’est à ce titre que nous nous voulons être aux premiers rangs contre l’injustice et la répression”. Evoquant les caricatures sur le prophète Mohamed, le dessinateur libyen indique que le caricaturiste danois était en quête célèbrité, selon lui, comme tant d’autres, à l’instar de Salman Rushdie et de ses Versets Sataniques qui a aujourd’hui des gardes-corps qui le protègent suite à une fatwa lancée à son encontre.

Le débat a permis aux artistes de parler de certaines difficultés qu’ils rencontrent comme Nadia de Willis from Tunis, fervente militante de la liberté d’expression connue pour ses chats parlants. Elle a notamment évoqué l’interdiction dans le monde entier des taguer les murs ce qui rend, selon elle, ces dessins plus difficiles à faire.

Actuellement, Cartooning for peace compte 108 artistes de 42 pays et de diverses croyances, avec à sa tête, “l’ambassadeur de la caricature dans le monde”, titre que refuse humblement de s’attribuer Plantu en réponse à l’agence TAP.

Pour rappel, cette rencontre est organisée en partenariat et en présence de l’équipe de Cartoonig For Peace (Dessins pour la Paix), association fondée à l’initiative de Plantu et de Kofi Annan en 2006, favorisant les rencontres des caricaturistes professionnels de toutes les nationalités, avec l’Institut Français de Tunisie (IFT).