Les “dé-jeûneurs”, ces musulmans qui ne font pas ramadan

L’islam prévoit des dispenses pour les enfants, les femmes enceintes, les vieillards, les malades ou encore les voyageurs. Mais une partie des fidèles décident de ne pas suivre ce rite par conviction, ils sont parfois appelés les “dé-jeûneurs”.

Ce choix n’est pas toujours facile à assumer, notamment parce que la pratique du ramadan connaît un vrai regain depuis quelques années.

Voici quelques témoignages recueillis par Ifop pour le journal “La Croix”

Plus jeune, S. faisait le ramadan. Pas entièrement, mais “plus pour le fun”, ajoute-t-elle. C’est durant son adolescence qu’elle a cessé de le pratiquer. A l’école, elle se sentait parfois gênée, même si elle fréquentait en majorité des amies non musulmanes. “On ne le criait pas sur tous les toits”, se souvient-elle.

Dans sa famille, seul son père, qui “fume et boit”, ne fait pas le ramadan. “Lorsqu’il vivait en Kabylie, c’était très ouvert, pas comme maintenant où tout le monde fait le ramadan, note-t-elle. Il pratique la religion musulmane à sa manière.” Un modèle paternel qui l’a aidée à assumer son choix. “A Paris, où j’ai vécu pendant dix ans, c’était plus compliqué d’être différente, car tout le monde fait le ramadan”, souligne-t-elle. Aujourd’hui, la jeune femme vit à Poitiers, dans un environnement où elle se sent plus libre d'”affirmer son refus”.

Ne pas jeûner, c’est aussi le choix de H., un étudiant de 20 ans, qui souhaite également rester anonyme. D’origine tunisienne, il est le seul à ne pas faire le ramadan dans sa famille. Pas par conviction, mais surtout pour garder son job d’été : “Si je ne peux pas m’alimenter, je ne pourrai pas travailler correctement. Pour soutenir ma famille, je le fais parfois le week-end.” Un choix respecté par ses parents qui estiment que son avenir professionnel est plus important que le jeûne.

Comme S et H, environ un tiers (1) des 3,5 millions de musulmans de France n’observeront pas le jeûne d’un mois qui a débuté, mercredi 10 juillet2013 et durant lequel les croyants s’abstiennent de s’alimenter, de boire et d’avoir des relations sexuelles du lever au coucher du soleil.