Tunisie : La société civile impute au pouvoir en place la recrudescence de la violence politique

Des militants de la société civile ont imputé au pouvoir en place la recrudescence de la violence politique dans le pays, dénonçant « son mutisme » face aux exactions et abus commis par Les ligues de protection de la révolution.

Lors d’une journée-débat, lundi à Tunis, sur le thème « La société civile face aux nouveaux enjeux de la violence politique en Tunisie », organisée à l’initiative de la « Foundation For the Future », le président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (FTDH), Abdessattar Ben Moussa, a souligné que les autorités se doivent impérativement de faire face à la violence politique et d’en poursuivre les responsables, notamment à travers l’ouverture d’enquêtes et l’application de mesures coercitives, conformément aux dispositions du décret n°88, relatif à l’organisation des associations.

Il a également critiqué le laxisme du gouvernement provisoire face au phénomène de la violence et la lenteur dans le traitement de l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, des incidents du 9 avril 2012 et de l’attaque du siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le 4 décembre 2012.

Ben Moussa a appelé les composantes de la société civile à redoubler d’efforts et à optimiser l’action sur le terrain en vue de contrecarrer la violence politique. Il a proposé, dans cette optique, « l’élaboration d’un pacte contre la violence » qui sera paraphé par tous les partis politiques, sans exception aucune, ainsi que la création d’un « observatoire national de lutte contre la violence ».

Il a aussi suggéré de décréter la journée du 6 février de chaque année, journée nationale contre la violence. Pour sa part, Imène Triki, présidente de l’association “Liberté et Equité”, a considéré que l’action associative demeure confrontée à nombre d’obstacles, dont, en premier lieu, la politisation de l’activité associative et l’absence de coordination entre les associations.

Elle a aussi proposé de constituer des réseaux associatifs pour faire face à la violence, et d’avoir une prise de position unifiée vis à vis du pouvoir en place qui « demeure la partie politiquement responsable de l’aggravation de ce fléau ».

D’autres participants ont souligné l’impératif de constitutionnaliser la paix et la non-violence, appelant les décideurs politiques à opter pour le dialogue constructif et à éviter l’échange d’accusations, notamment sur les plateaux de télévision.

Ils ont également appelé le pouvoir en place à faire face à l’extrémisme religieux et à soutenir les efforts des associations en matière de diffusion de la culture du dialogue, en mettant à leur disposition les moyens matériels et humains nécessaires.