Tunisie – Etude : Tout sur les opportunités d’emploi en Libye

Une nouvelle étude intitulée « Migrations des Tunisiens en Libye : dynamiques, défis et perspectives”, vient d’être publiée par l’’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et la Banque africaine de développement (BAD), en partenariat avec l’Office des Tunisiens à l’étranger (OTE).Selon l’OTE, quelque 40 000 Tunisiens vivant en Libye sont rentrés en Tunisie à la suite de la crise libyenne en 2011. La plupart étaient des hommes mariés, dotés d’un niveau d’instruction et de qualifications professionnelles relativement faibles.

39,5 % des tunisiens de retour en Libye

C’est la première fois qu’une enquête est menée sur cette catégorie de migrants. Celle-ci révèle que 70,4 % des travailleurs tunisiens ayant quitté la Libye après la révolution désirent y retourner – voire l’ont déjà fait. Ainsi, 39,5 % d’entre eux sont retournés en Libye, poussés par leur situation précaire en Tunisie et leur volonté de retrouver rapidement leur emploi perdu.

D’après l’étude, les migrants de retour sont majoritairement de sexe masculin, mariés et présentant de faibles niveaux d’instruction et de qualifications professionnelles. L’étude, qui a aussi interrogé un panel de chômeurs pour analyser leur propension à rechercher du travail en Libye, révèle que 30,1 % d’entre eux sont disposés à rejoindre le marché de l’emploi libyen.

Les chômeurs interrogés au cours de l’enquête considèrent, en effet, que les perspectives d’emploi en Libye sont bien meilleures qu’en Tunisie. Ces personnes disposées à émigrer présentent, en dépit d’un faible niveau d’instruction en général, des aptitudes professionnelles et des niveaux de diplôme plus élevés que le reste des chômeurs.

Dans un communiqué publié samedi par la BAD, Jacob Kolster, directeur du département de l’Afrique du Nord pour la Banque africaine précise que “les résultats de l’étude soulignent le grand potentiel que constitue la Libye en tant que pays d’absorption de la main d’œuvre tunisienne qualifiée et non-qualifiée ».

L’étude montre par ailleurs, que le potentiel de coopération en matière de migration de travail entre la Tunisie et la Libye est très important. « Le marché de l’emploi libyen offre un potentiel d’embauche très important en termes quantitatifs et qualitatifs et reste largement ouvert aux compétences tunisiennes, indique Emanuele Santi, économiste principale de la BAD chargée de la Tunisie et coordinatrice de l’étude au niveau de la Banque. “Cette migration de travail représente donc un axe stratégique pour la Tunisie dans la lutte contre le chômage»

A la suite des révolutions tunisienne et libyenne, les autorités des deux pays ont clairement exprimé leur volonté de renforcer la coopération en termes de migration, d’emploi et de formation, ce qui s’est concrétisé par la signature de nouvelles conventions en 2012.

Or, malgré ces dispositions d’ordre politique et la complémentarité évidente entre les deux pays, les Tunisiens tardent à rejoindre le marché de l’emploi libyen. Selon l’étude, cette lenteur s’expliquerait par la faible coopération entre les services institutionnels tunisiens intervenant dans le processus migratoire, par la situation sécuritaire en Libye, et par les difficultés à prévoir et à formuler les besoins du marché de l’emploi libyen.

Pour conclure, cette enquête a donc permis de dégager un ensemble de recommandations stratégiques en faveur du développement d’une politique migratoire tuniso-libyenne efficace, à savoir, la mise en place d’une structure chargée de coordonner l’ensemble des conventions entre la Tunisie et la Libye et de piloter le processus migratoire entre les deux pays.

Elle préconise la constitution d’une commission interministérielle dédiée au marché libyen ou l’activation de conventions fondamentales existantes et la constitution d’un cadre procédural pour optimiser le rapprochement de l’offre et de la demande de travail entre la Tunisie et la Libye.

Les recommandations ont encore portées sur la nécessité de l’encadrement et du suivi des candidats tunisiens à l’émigration et d’une prévention et une lutte plus efficaces contre la migration irrégulière ainsi que de l’assistance des migrants de retour, dans une perspective de développement durable.

Cette étude se base sur deux enquêtes qualitatives, menées auprès d’un panel de Tunisiens de retour de Libye et d’un échantillon d’actifs tunisiens en situation de chômage, ainsi que sur une série d’entretiens conduits avec des responsables Tunisiens et Libyens.