La Tunisie à la Coupe dAfrique des Nations (CAN) est une histoire longue dun demi-siècle, riche en exploits, mais, néanmoins, ponctuée de quelques désillusions, au goût amer. Voici les dates marquantes de la participation des "Aigles de Carthage" à la plus prestigieuse des compétitions continentales.
*1ère participation* La sélection nationale de football a connu son baptême de feu en Coupe dAfrique des Nations, il y a un peu plus dun demi-siècle. En effet, lannée 1962 en Ethiopie a vu les protégés du Yougoslave Frane Matosic faire leurs premiers pas dans la CAN (3ème édition), à travers une participation qui s'est soldée par une troisième place, après une défaite face à l'Ethiopie (2-4) et une victoire face à l'Ouganda (3-0).
*Deux longues disettes * Durant un quart de siècle, "les Aigles de Carthage" nont point survolé le ciel africain. Et pour cause, deux longues disettes qui ont duré, respectivement, 13 ans (de 1965 à 1978) et 12 ans (de 1982 à 1994), et qui représentent deux périodes creuses pour la sélection, à l'échelle continentale. En effet, après la finale perdue contre le Ghana en 1965, la Tunisie n'a refait surface qu'à la CAN 1978 (année abondante et bénite), où elle a atteint la demi-finale face au Nigeria. La CAN 78 au Ghana a été suivie dune autre participation, quatre ans plus tard, en Libye (1982), au cours de laquelle les poulains du Polonais Kulesza ont quitté le tournoi dès le premier tour pour sombrer, encore une fois, dans un silence radio qui sest poursuivi jusquà 1994.
*1994 , le grand GACHIS* La Tunisie accueille pour la deuxième fois la CAN après celle de 1965. La 19ème édition a été minutieusement préparée, sur tous les plans, logistique, sportif, etc. Les Aigles de Carthage avaient bénéficié dune préparation jamais égalée auparavant, des matchs amicaux contre de grosses cylindrées (Allemagne 1-1, Pays- Bas 2-2), des moyens énormes mis à leur disposition, des joueurs de talent étaient présents (Limam, Souayeh, Rouissi, etc.), un engouement populaire débordant et un appui des autorités.
Bref, toutes les conditions étaient réunies pour le sacre, et puis le flop. Au terme de la première mi-temps du match d'ouverture, la Tunisie était déjà menée face au Mali par deux buts à zéro. Incapables de réagir en seconde mi-temps, le moral à plat, les joueurs, et en dépit du changement du staff technique le lendemain (Faouzi Benzarti à la place de Youssef Zouaoui), n'ont rien pu faire et ont dû concéder un nul peu glorieux face à lex-Zaïre synonyme délimination précoce. Un seul point en deux matchs, une élimination amère et une déception populaire à la hauteur des espérances placées en cette équipe qui, pourtant, ne manquait pas d'arguments. Une participation à oublier au plus vite .
*Deux malheureuses finales* Les "Aigles de Carthage" ont, en effet, vite fait d'oublier cette désillusion. Deux ans plus tard, avec le Franco-polonais Henry Kasperczak à la barre technique, et à la (bonne) surprise générale, les coéquipiers du talentueux Zoubeir Bay, avaient atteint la finale face aux "Bafana Bafana" en terre sud-africaine; finale perdue, le 3 février 1996, au FNB Stadium, contre les coéquipiers de Docteur Kumalo, sous le regard du légendaire Nelson Mandela par 2 buts à 0.
Trois décennies plus tôt, en 1965, cette performance avait été réalisée lorsque les coéquipiers du géant Attouga étaient à deux doigts de remporter leur premier trophée continental, n'eut été une défaite en finale face aux Blacks Stars du Ghana par 2 buts à 3.
Ces deux performances, et en dépit du goût d'inachevé, demeurent inscrites en lettres d'or dans le palmarès du football tunisien.
*2004, et la Tunisie est enfin sacrée à domicile* Samedi 14 février 2004, 16H15. Stade Olympique de Radès. La Tunisie est enfin sacrée championne d'Afrique. Il a fallu patienter plus de 4 décennies pour assister à "la victoire finale" de la Tunisie lors de sa 11ème participation, à l'occasion de la 24ème édition de cette compétition. Au terme d'un parcours quasi parfait (4 victoires, 2 nuls, 0 défaites, 10 buts inscrits, 4 encaissés), "le club Tunisie" est parvenu à sadjuger son premier et unique titre continental. Une performance réalisée grâce à la hargne et à la combativité des Clayton, Boumnijel, Dos Santos, Ben Achour, Jaziri et Trabelsi sous la houlette de l'ancien sélectionneur des Bleus, Roger Lemerre.
*Meilleur buteur* Pour déroger à la règle, et «comme un bonheur n'arrive jamais seul», ce sacre continental collectif a été accompagné d'une distinction individuelle, oeuvre de Dos Santos. Cet ancien attaquant brésilien de l'Etoile Sportive du Sahel, naturalisé tunisien, peu avant le début de la CAN 2004, a été sacré meilleur buteur du tournoi après avoir fait parler la poudre à cinq reprises, tout particulièrement lors de la finale remportée face aux Lions de l'Atlas par 2 buts à 1. Il a inscrit le premier but de la rencontre dès la cinquième minute de jeu, avant que les Marocains n'égalisent à la 38ème minute par le biais de Mokhtari et que le lutin Zied Jaziri ne marque le but de la délivrance à la 52ème minute.
*Les Aigles à 3 reprises au dernier carré* Hormis le sacre de 2004, les finales perdues en 1965 et en 1996, la Tunisie a atteint le carré d'as à trois reprises. Lors de sa première participation en 1962 en décrochant une troisième place, bien que ce tournoi ait été limité à 4 sélections (Egypte, tenant du titre, Ethiopie, pays organisateur, Tunisie et Ouganda). En 1978, la bande d'Abdelmajid Chetali a atteint la demi-finale du tournoi perdue contre le Ghana (0-1) avant de se retirer lors du match du classement face au Nigeria arguant de fautes d'arbitrage. Le score était de 1 partout. En 2000, la Tunisie a atteint le dernier carré en éliminant, en quarts de finale, l'Egypte (1-0), avant de perdre la demi-finale contre les Lions Indomptables (0-3) et le match de classement contre l'Afrique du Sud (2-2, 3-4 aux tirs aux buts).
*Le coach de nouveau en Afrique du Sud* Sami Trabelsi, sélectionneur du onze national, a déjà foulé le sol sud-africain à l'occasion d'une CAN. Cétait en 1996 lorsquil montait la garde au sein de la défense tunisienne. L'actuel entraîneur avait atteint, à l'époque, avec ses coéquipiers, la finale perdue face aux Bafana Bafana. Trabelsi est ainsi le seul footballeur à avoir participé à une CAN en tant que joueur et technicien dans le même pays. Toutefois, le coach aura-t-il la même chance que le joueur et parviendra-t-il à atteindre ce stade avancé de la compétition ?
*Le Bilan* En quinze participations, la Tunisie a décroché un titre, perdu deux finales, obtenu une troisième place et deux fois la quatrième place, atteint à quatre reprises les quarts de finale et a été éliminée dès le premier tour cinq fois. La seizième participation des Aigles de Carthage à une CAN sera-t-elle au goût de largent et semblable à sa précédente en terre sud-africaine?
DI/TAP