Rached Ghannouchi : L’UGTT est une organisation syndicale et non un parti politique radical

Le président du Mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi a déclaré mercredi que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) est une organisation syndicale et non un parti politique radical. « L’UGTT est un partenaire dans le processus de réalisation de la transition démocratique », a lancé Rached Ghannouchi, estimant que l’organisation syndicale doit « se démarquer des actes visant à entraver le processus de développement commis par certains de ses dirigeants, d’appartenance idéologique évidente, pariant sur la chute du gouvernement et l’instabilité du pays ».

S’exprimant aujourd’hui lors d’une rencontre de presse au siège du Mouvement Ennahdha à l’Ariana, il a « regretté » les incidents survenus à la Place Mohamed Ali à la capitale à l’occasion de la commémoration de l’assassinat du leader Farhat Hached. La signature de l’accord social entre le gouvernement, l’UGTT et l’organisation patronale sur les augmentations salariales dans les secteurs public et privé, a été accompagnée, a-t-il dit, d’« actes de violence commis par des milices relevant de l’UGTT contre des personnes venues célébrer avec les syndicalistes la commémoration de l’assassinat de Farhat Hached ».

Une commission indépendante doit être constituée pour enquêter sur les circonstances de ces incidents « sanglants » survenus mardi et pour juger les coupables, a-t-il réclamé. Evoquant les incidents de Siliana, le président du Mouvement Ennahdha a déclaré : « En tant qu’une organisation syndicale défendant les intérêts des travailleurs, l’UGTT est passée du stade des revendications sociales à l’appel à l’éviction du gouverneur et à la chute du gouvernement ».

L’appel de l’UGTT à la grève générale dans plusieurs régions du pays est un acte politique et non social, a-t-il encore lancé. Rached Ghannouchi a souligné le rôle central de l’UGTT, « partenaire important dans le processus de développement et de paix sociale », pointant du doigt, en revanche, « des dirigeants au sein de l’organisation syndicale qui appellent à faire tomber le gouvernement », ce qui « ne sert pas les objectifs de la révolution et les revendications du peuple », a-t-il estimé. Il a demandé à « inspecter les sièges des associations et des organisations pour en évacuer les milices et les armes », considérant que « dans les pays démocratiques, la rue n’est pas en mesure de faire tomber le gouvernement ».

Cela n’est possible que si le gouvernement retire sa confiance au gouvernement où à travers des élections, a-t-il argumenté. Sur un autre plan, Rached Ghannouchi a relevé que le consensus et le dialogue sont essentiels pour sortir de la phase de transition et réussir le processus de transition, rappelant les « concessions » présentées par le mouvement Ennahdha au sein de l’Assemblée constituante, s’agissant notamment de l’inscription de la charia dans la Constitution et de la nature du régime politique à adopter. Commentant les appels à dissoudre les ligues de protection de la révolution, Rached Ghannouchi a considéré que les ligues « sont le produit et la conscience de la révolution tunisienne; une partie intégrante de la société civile qui agit dans le cadre de la légalité et pouvant être poursuivie en justice si les crimes qu’on leur attribue sont avérés ».

WMC/TAP