Tunisie, Elections, Dialogue national, Terrorisme : Paroles de Laarayedh

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Le chef du gouvernement provisoire, Ali Larayedh, a affirmé que le processus de transition démocratique avance à un rythme de plus en plus soutenu malgré des tentatives de le fragiliser et de gêner l’action du gouvernement. Il a dit tabler sur des élections présidentielle et législatives fin 2013 ou début 2014 “dans la concorde”.

S’exprimant dans un entretien radiophonique diffusé en direct et simultanément par la Radio nationale, Mosaïque FM, Shems FM et Express FM, Ali Laarayedh

a nié toute intention de remanier le gouvernement, qualifiant d'”excellent” le rendement des ministres et de “tout aussi excellentes” les relations extérieures de la Tunisie, “bien que des parties intérieures s’emploient à tendre les relations de la Tunisie avec un certain nombre de pays frères et amis comme la France, le Qatar et l’Arabie Saoudite”.

A la question de savoir pourquoi il y a dispersion des efforts en faveur d’un dialogue national entre les différents protagonistes politiques et sociaux, Laarayedh a indiqué que “par principe, nous soutenons toute démarche tendant à ce qu’un tel dialogue ait lieu”.

La commission des compromis, actuellement à pied d’oeuvre au sein de l’Assemblée nationale constituante, a-t-il ajouté, est une manière de régenter autrement le dialogue “pour se mettre d’accord sur les points controversés du projet de constitution”.

Larayedh a rappelé dans ce contexte le dialogue national tenu sous les auspices de la présidence du gouvernement et de la présidence de la République à Dar Dhiafa à Carthage ou celui tenu à l’initiative de l’UGTT et auquel ont été associées certaines organisations nationales, lors de son deuxième round.

Dans un tout autre registre, Larayedh considère que “le mouvement Tamarrod” représente tout au plus “un clonage d’une expérience étrangère”, estimant que ce mouvement qu’il a qualifié de “suspect” ne manque pas de susciter de nombreuses interrogations sur ses commanditaires et ses bailleurs de fonds. Il a dit écarter toute chance de succès de ce mouvement parce que “la plupart des partis politiques sont raisonnables” et parce que “le peuple tunisien est conscient de ce qu’il en coûterait de pousser le pays vers l’inconnu”.

 

“Une année et demie après les élections, a déclaré par ailleurs le chef du gouvernement, il a été établi que l’allégation selon laquelle le mouvement Ennahdha et le gouvernement représenteraient une menace pour la liberté d’expression et la liberté de la femme n’était qu’un épouvantail”.

Larayedh a également qualifié de

“malheureux” les propos du dirigeant du mouvement Ennahdha et chef de son groupe parlementaire Sahbi Atig, y voyant “une autre illustration des envolées débridées auxquelles se sont laissé aller d’autres politiques et députés”.

A la question de savoir où en est le dossier du terrorisme, le chef du gouvernement a indiqué que le pays a réalisé une avancée tangible au plan sécuritaire, notamment pour ce qui est de circonscrire la criminalité et de démanteler les réseaux de contrebande, ce qui, a-t- il dit, a rejailli positivement sur le secteur du tourisme qui a réalisé de bien meilleures performances en comparaison avec l’année 2012.

Le changement enregistré en la matière, a-t-il souligné, trouve son illustration entre autres dans le changement du comportement quotidien du citoyen qui, désormais, fréquente volontiers les festivals et sort le soir en toute sérénité.

S’agissant de l’affaire terroriste du Mont Chaambi, le chef du gouvernement a affirmé que les unités sécuritaires et de l’armée nationale continuent de traquer les éléments terroristes, de glaner des renseignements à leur sujet et d’interpeller les suspects, en coopération avec les pays limitrophes frères. Selon lui, aucun individu n’a été capturé dans le périmètre du Chaambi.

Cependant, a-t-il précisé, entre 20 et 30 personnes ont été arrêtées pour leurs relations suspectes ou en possession d’armes. D’autres parmi elles envisageaient ou planifiaient des opérations terroristes ou encore entretenaient des rapports avec des organisations terroristes dans diverses régions du pays.

Interrogé sur la position du gouvernement concernant l’apparition des “ligues de protection de la patrie et du citoyen” ouvertement dirigées contre “les ligues de protection de la révolution”, Larayedh a mis en exergue les efforts déployés par le gouvernement pour combattre toutes les manifestations de violence. “Il est hors de question de laisser se constituer des organisations miliciennes dans le pays”, a-t-il martelé, rappelant au passage que la création d’associations obéit aux formalités de déclaration et d’autorisation.

Pour ce qui est des “ligues de protection de la révolution”, il a indiqué que

les activités de la ligue nationale sont gelées depuis un mois par décision judiciaire, en attendant de régulariser sa situation, faute de quoi il sera procédé à sa dissolution. Il a rappelé, dans ce contexte que plusieurs de ces ligues sont impliquées dans des faits de violence et que certaines de leurs sections régionales ne remplissent pas les conditions de légalité.

A la question de savoir où en est le dossier de l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, surtout dans la perspective du grand rassemblement envisagé le 6 août prochain, six mois jour pour jour après le meurtre du militant politique, le chef du gouvernement a assuré que quelque 80 cadres sécuritaires parmi les meilleures compétences nationales ont été réquisitionnés pour travailler sur ce dossier, sans compter la mise à contribution de laboratoires étrangers. Il a déclaré en substance à ce sujet:

“Le meurtrier a été formellement identifié. Toute personne susceptible d’apporter un indice ou d’aider à élucider cette affaire a été interrogée”.

S’agissant des recrutements dans la fonction publique, Ali Larayedh a indiqué qu’une grande partie des personnes recrutées dans l’administration sont des bénéficiaires de l’amnistie générale, affirmant toutefois que

les nominations aux hautes fonctions obéissent au critère de compétence et non à celui de l’allégeance partisane.