Saisissant l’occasion de la parution du 53ème Rapport annuel de la BCT, le gouverneur “sortant“, Mustapha Kamel Nabli, a adressé une apologie de sa politique dans une lettre au président Marzouki où il passe d’abord en revue la situation actuelle :
“L’activité économique nationale a évolué en 2011 dans un environnement international difficile (croissance mondiale à 3,9% contre 5,3% en 2010) et l’économie nationale a subi le contrecoup de 3 facteurs qui ont mené la croissance en 2011 à un niveau négatif (-1,8%): instabilité politique, sécuritaire et sociale post-Révolution, retombées de la guerre en Libye, attentisme des opérateurs économiques et des ménages. Cette récession a affecté les équilibres macroéconomiques avec une aggravation des déficits de la balance des paiements courants et du Budget de l’Etat (respectivement 7,4% et 3,7% du PIB) et par conséquent une chute des réserves en devises de l’ordre de 19% pour revenir à 113 jours d’importation. La situation sociale s’est également dégradée avec la perte nette d’environ 107 mille postes d’emploi, ce qui a porté le taux de chômage à près de 19% de la population active“, écrit-il dans la lettre.
Puis vient le moment de dire tout ce que la Tunisie doit à la BCT car les dérapages auraient été autrement plus graves en 2011 sans la mise en œuvre par l’Etat du Programme économique et social d’urgence et puis des interventions de la BCT :
“L’adoption par la Banque centrale d’une politique monétaire accommodante volontariste pour fournir les liquidités nécessaires aux banques, en déficit de ressources, permettant ainsi la poursuite du financement de l’économie et l’octroi de facilités aux entreprises en difficultés conjoncturelles, outre la sauvegarde de la continuité et du bon fonctionnement des services de paiements“, énumère-t-il.
“Ces actions indispensables ont pu être opportunément décidées et mises en œuvre pour éviter le glissement vers une situation de crise susceptible de mettre en péril le processus démocratique dont la réussite, faut-il le rappeler, repose dans une large mesure sur la préservation de la stabilité économique et sociale“, poursuit-il.
Puis vient le plus grand sujet qui a enflammé la crise entre le Gouvernement et la BCT: l’indépendance de celle-ci, avec l’argument de la séparation entre les fonctions de gestion et de contrôle, la transparence dans la prise des décisions et leurs exécutions, la définition claire des attributions et la responsabilisation : “Cette indépendance est un facteur décisif dans la crédibilité de la Banque centrale dans son action visant la stabilité financière, l’efficience de la politique monétaire et la maîtrise de l’inflation“.
Maryam OMAR