Détails sur la crise du pain en Tunisie

Le Moniteur de surveillance souligne la responsabilité du Ministère du Commerce dans la persistance de la grave pénurie de pain en Tunisie.

Il estime que les raisons de la crise ne sont pas liées à une absence de blé tendre, mais plutôt à des manipulations de la matière première “la farine”, en particulier la farine subventionnée exclusivement fournie aux boulangeries classées. Le Moniteur critique l’incapacité du Ministère du Commerce à remplir ses fonctions, se limitant à des interventions médiatiques temporaires lors des crises.

Dans son communiqué du lundi 4 décembre, le Moniteur souligne la persistance de la crise malgré des quantités de blé tendre distribuées inchangées de janvier à septembre 2023 par rapport à la même période en 2022. La baisse n’a pas dépassé 0,7% (équivalent à seulement 6,7 mille tonnes, passant de 902,8 mille tonnes à 896,1 mille tonnes). Comparé à 2020 et 2021, les quantités distribuées de blé tendre ont augmenté respectivement de 2,1% (équivalent à 18,8 mille tonnes) et 4,2% (équivalent à 35,9 mille tonnes) jusqu’à fin septembre 2023.

Au cours de la période de janvier à septembre 2023, le Moniteur rapporte une importante baisse des prix moyens des céréales fournies. Le prix de la tonne de blé dur a baissé de 189 dollars par rapport à la même période de 2022 (passant de 665 dollars à 476 dollars). De même, le prix de la tonne de blé tendre a diminué de 93 dollars par rapport à la même période de 2022 (passant de 422 dollars à 329 dollars), entraînant des économies importantes pendant la période.

Le Moniteur souligne que la crise actuelle de la disponibilité insuffisante de pain ne résulte pas d’un problème d’approvisionnement en blé tendre par l’Office des céréales, ni d’un problème de disponibilité et de prix de cette matière première sur le marché mondial, ni d’un problème de distribution par l’Office, ni d’une surconsommation. La crise est principalement due à des manipulations de la matière première “la farine”, en particulier la farine subventionnée exclusivement fournie aux boulangeries classées. Il qualifie le Ministère du Commerce d’incapable d’assumer ses responsabilités, se contentant d’actions médiatiques temporaires pendant les crises.

Le Moniteur signale plusieurs violations constatées lors de visites sur le terrain dans plusieurs boulangeries classées des grandes régions de Tunis. Notamment, l’absence de pain de grande taille dans toutes les boulangeries visitées malgré que les boulangeries de classe “A” (qui produisent exclusivement du pain subventionné de 400 grammes) aient une grande part de farine subventionnée. Le Moniteur note également la disponibilité limitée du pain subventionné de petite taille dans quelques boulangeries de la classe “C” (ne dépassant pas 30%) par rapport à la disponibilité de pain fin en quantités variables et à des prix élevés. De plus, plusieurs boulangeries dans la plupart des régions du pays sont fermées l’après-midi.

Le Moniteur souligne également le non-affichage de l’étiquette utilisée pour informer le consommateur sur le type de pain fabriqué, son poids, son prix et la spécialisation de la boulangerie, que de nombreuses boulangeries négligent. Il signale de nombreuses autres violations et infractions résultant principalement du laxisme des différentes structures chargées du contrôle dans l’exécution de leurs tâches, selon le communiqué du Moniteur.

En conclusion, le Moniteur rappelle les recommandations formulées dans son rapport du 25 août 2023 intitulé “Crise du pain et de la farine : Crise réelle ou complot”, estimant qu’elles auraient suffi à mettre fin à la crise si toutes les entités de l’État les avaient prises en compte. Le Moniteur note également le refus du Ministère du Commerce et du Développement des Exportations, de l’Unité de compensation des produits de base et de l’Office des céréales de répondre aux demandes d’accès à l’information formulées par le Moniteur concernant des données sur le secteur des boulangeries.