Politique-Elections locales : Le gouvernorat de Tunis face à un défi de taille

Fort d’une position géographique stratégique, d’un potentiel démographique important et d’une cartographie économique multi-secteurs variée et riche, le gouvernorat de Tunis s’impose avec force en tant que pôle de premier rang national regorgeant d’innombrables ressources et avantages préférentiels qui font de lui le ” projet ” d’une véritable locomotive de croissance dans le pays.

Néanmoins, entre théorie et pratique, entre vœu pieux et réalité concrète, il y a un long chemin à parcourir, tantôt parsemé d’embûches, tantôt de défis de taille à aplanir pour parvenir à un essor tous azimuts où le simple citoyen bénéficie des conditions de vie dignes.

Dans le registre administratif national, le gouvernorat de Tunis s’étale sur une superficie avoisinant 288 kilomètres carrés.

Sur son sol vit une population estimée à 1 million et 70 mille personnes en 2020, soit 9,6% de l’ensemble de la population du pays, enregistrant ainsi une densité démographique la plus élevée au niveau national (3667 habitants par kilomètre² contre 70,9 habitants par km² en moyenne nationale).

En termes de découpage territorial, le gouvernorat de Tunis est divisé administrativement en 21 délégations et 8 communes.

Corollaire logique d’un modèle administratif trempé dans les théories de Etat unitaire, le gouvernorat de Tunis est devenu l’inéluctable destination de nombreux citoyens tunisiens venant de tous bords en raison de la forte concentration des services centraux, des départements ministériels et des centres hospitalo-universitaires de renommée.

Ce flux massif et incessant de voyageurs couplé à une forte densité démographique de la population résidant à Tunis et à des services publics souvent délabrés ont fait surgir une crise du secteur de la logistique et des transports qui risque de s’éterniser.

Il suffit de se rendre à Tunis, chef-lieu du gouvernorat, pour voir à l’œil nu les interminables files d’attente de véhicules qui serpentent sans cesse le réseau routier du gouvernorat provoquant des congestions à répétition notamment au niveau des principaux points d’accès de la capitale Tunis.

Face à un réseau de transports multimodal éreinté, à une détérioration incessante des services rendus aux citoyens, face à une infrastructure routière frappée du sceau de l’usure, face à un surpeuplement rampant et excessif, les décideurs publics sont appelés à réfléchir en profondeur sur des solutions concrètes et radicales à la crise de transport.

Il ne s’agit plus de renforcer la flotte nationale du transport multimodal mais plutôt d’identifier des alternatives opératoires et efficaces qui soient en mesure de pouvoir atténuer la crise des transports publics, privés et individuels.

Selon les données recueillies par l’agence TAP auprès du gouvernorat de Tunis, le taux de chômage parmi la population a atteint des proportions élevées avoisinant 23% dans certaines délégations comme Sijoumi et Sidi Hassine, en l’absence d’un dispositif d’encadrement et de soutien social aux jeunes désœuvrés.

Preuve à l’appui, selon les chiffres révélés par la direction régionale de la formation professionnelle et de l’emploi, le nombre des demandeurs d’emploi en 2021 a atteint 16.254 demandes d’emploi dans toutes les délégations contre 2.195 demandes d’emploi au cours de la même année.

Volet disparités des conditions de vie des citoyens, il y a lieu de constater que les quartiers populaires du gouvernorat de Tunis sont privés d’une infrastructure variée et solide.

Victime d’un schéma de développement obsolète, le simple commun des mortels peut s’en apercevoir que le gouvernorat de Tunis est marquée d’une ” disparité criarde ” entre les indicateurs de développement dans les différentes délégations du gouvernorat.

Parmi les zones les plus surpeuplées et les plus faibles au niveau des indices de développement, la délégation de Sidi Hassine se classe au bas de l’échelle (21ème) avec un indice estimé à 0,473 devancée par la délégation de Séjoumi (20ème) avec un indice estimé à 0,501.

Autre grand dilemme, l’absence d’un réseau de services collectifs performant et de qualité, notamment dans les régions de l’ouest et du sud de la capitale.

Le quotidien des usagers du secteur sanitaire se mue souvent en un calvaire insupportable face à un système de santé freiné par ses goulots d’étranglement, en mal de pouvoir répondre à la forte demande des patients venant des différents recoins du pays.

Volet urbanistique, le gouvernorat de Tunis est confronté à un défi de taille celui de l’expansion urbaine désordonnée et anarchique au détriment des terres agricoles ainsi que la ruée des opérateurs immobiliers vers la surexploitation foncière des terres dans les secteurs de l’habitat, de l’industrie et des services.

A cela vient s’ajouter les disparités flagrantes qui parsèment le paysage urbain du gouvernorat de Tunis ” incohérent et disparate “.

A Tunis se concilie l’inconciliable : des citoyens élevés au grain d’une culture sybarite et moderne habitant des quartiers résidentiels huppés et une forte population logée dans des quartiers populaires ” incohérents ” où la crise du logement bat son plein et où les gens peinent à gagner leur pain.

Malgré ce tas de problèmes et de défis, l’espoir est de mise. Le gouvernorat de Tunis demeure sans nul doute un vecteur-clé de la croissance économique nationale à la faveur de son tissu entrepreneurial industriel, de services et touristique riche et varié.

Ce secteur, à lui seul, totalise 18% du nombre global des entreprises privées du pays et 49,3% du nombre des entreprises étrangères opérant sur le territoire national.