Le Mouvement Ennahdha a dénoncé les ” campagnes de diffamation ” dont il fait l’objet, niant toutes les accusations dirigées contre le parti, notamment le terrorisme, le financement étranger et l’ingérence dans le système judiciaire.
Le mouvement a fustigé, lors d’une conférence de presse organisée lundi, à Tunis, la “volonté de certaines parties politiques de l’évincer, en s’appuyant sur les dispositifs de l’Etat et en tentant d’assujettir et d’intimider le secteur de la justice”.
Zineb Brahmi, membre de la commission juridique du bureau exécutif du Mouvement, a déclaré qu’Ennahdha ” a fait l’objet de plusieurs accusations durant 10 ans, ce à quoi le parti a toujours répondu par les urnes “, faisant remarquer que ” les tentatives de diffamation font désormais partie du discours officiel du président de la République “.
” Les campagnes de diffamation, les allégations, les discours de haine, de discrimination et de racisme ciblant une catégorie de Tunisiens ont conduit à l’exclusion du pays des forums démocratiques “, s’est elle indignée, rappelant les prises d’assaut des sièges du parti politique et les agressions de ses dirigeants qui ont eu lieu après le 25 juillet.
Elle a indiqué que le parti s’est adressé à la justice pour demander des comptes à tous ses agresseurs qui, selon elle, “constitue une preuve supplémentaire que le mouvement n’a pas recours à la violence et qu’il respecte la primauté de la loi.”
Et d’affirmer qu’il ” est désormais prouvé que tous les dossiers relatifs au terrorisme n’impliquent aucun dirigeant, ni aucun membre du Mouvement Ennahdha “.
S’agissant des accusations qui pèsent sur le mouvement concernant les fonds étrangers qui auraient financé sa campagne électorale de 2019, Brahmi a indiqué que ce dossier est entre les mains de la Cour des comptes, précisant que les rapports d’enquête ont clairement montré qu’il s’agissait de l’usage d’une expatriée de sa voiture personnelle pendant la contribution à une tente lors la campagne électorale.
” La valeur de cette contribution n’excède pas 40 dinars selon le rapport de la Cour des comptes “, a-t-elle ajouté.
S’agissant du contrat de lobbying, Brahmi a déclaré qu’Ennahdha n’a en aucun cas passé un contrat, “ni à titre officiel, ni par procuration”.
De son côté, Sami Trigui a considéré que les ” campagnes de dénigrement ” menées par certains partis politiques et ministres contre Ennahdha sont une ” exclusion du Mouvement à travers l’instrumentalisation des appareils de l’Etat et l’intimidation de la Justice”.
” La Justice subit des pressions et des menaces de dissolution de ses Conseils. Cela signe la fin du processus de transition démocratique, c’est dangereux et totalement inacceptable “, a-t-il lancé.
Il a également souligné que le rapport de la Cour des comptes a acquitté Ennahdha ” tandis que d’autres partis critiquent la transparence des élections alors que des accusations de fraude électorale et fiscale pèsent sur eux “, ajoutant que le contrat de lobbying s’est avéré être d’origine inconnue et “juste une fabulation”.
Trigui a estimé que la situation en Tunisie ” ne peut pas être aujourd’hui résolue par des accusations mensongères et l’exclusion d’un parti fort comme le Mouvement Ennahda “, affirmant que son parti ” n’interfère pas dans les questions judiciaires. ”
Il a, dans ce sens, ” défié quiconque de prouver l’ingérence d’Ennahda dans le système judiciaire “, niant ” toute implication du parti dans des affaires de terrorisme, l’envoi de djihadistes dans les zones de tensions, le dossier de l’appareil secret ou encore les tirs de chevrotine à Siliana “, invitant ” toute personne détenant des preuves à s’adresser à la justice. ”
Le dirigeant d’Ennahdha Ali Larayedh a, pour sa part, affirmé que son parti est ” imprégné des valeurs de coexistence et de respect de la loi “, accusant en revanche d’autres partis de ” déni et d’exclusion “.
Il a insisté sur ” l’attachement d’Ennahdha à la suprématie de la loi et à l’indépendance de la justice”, estimant que ” parler d’échec de la décennie écoulée n’est que diversion et falsification de l’Histoire “.
Arayedh a, par ailleurs indiqué que la concentration des pouvoirs chez une seule personne (en allusion au président de la République) ” conduit inévitablement à la tyrannie “.
” Il est alors impératif de stopper cette tyrannie pour éviter à la Tunisie de revenir à la période des années 1990 “, a-t-il dit, ajoutant que son parti a toujours appelé au dialogue et ” continuera de militer dans un cadre pacifique et légal jusqu’au retour de la démocratie “.