Sous haute surveillance sécuritaire, le coup d’envoi de la 29ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) a été donné, samedi soir, à la Salle de l’Opéra à la Cité de la Culture, en présence du chef du gouvernement Youssef Chahed, de Mohamed Ennaceur, Président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), du ministre des affaires culturelles Mohammed Zine El Abidine, ainsi que de plusieurs ministres, membres de l’ARP et chefs de missions diplomatiques accrédités en Tunisie et des ministres de la culture des pays invités de cette édition à savoir le Sénégal et l’Irak.
Sous les lumières des projecteurs, les stars et vedettes du grand écran, sont venus célébrer le cinéma dans toute sa splendeur et exubérance, et ce, pour la première fois au coeur de la Cité de la culture qui s’est parée de toute sa beauté pour accueillir ses invités de tous bords.
Pour cette année, la cérémonie d’ouverture qui s’est déroulée sous une haute surveillance sécuritaire et ce, à la suite de l’attentat-suicide du 29 octobre perpétré en plein centre ville, a cependant été réservée qu’aux invités et aux accrédités. Star incontournable lors des éditions précédentes, la foule habituellement présente en masse en animant les rues de l’avenue Habib Bourguiba a manqué le rendez-vous de la montée des marches des stars et vedettes du cinéma qui sera durant huit jours le roi au royaume de la culture.
Lors de son mot d’ouverture, le directeur général des JCC 2018 Néjib Ayed s’est félicité du soutien des différents invités étrangers à la Tunisie qui n’ont pas hésité à être au rendez-vous malgré l’attentat-suicide perpétré quelques jours avant le démarrage de cette manifestation qui célèbre cette année son 52ème anniversaire. Et d’expliquer “le comité d’organisation n’a enregistré aucune annulation des 500 invités étrangers”.
Tout en rappelant le rôle crucial de la culture en général et du cinéma en particulier en tant que rempart incontournable contre la pensée extrémiste et l’obscurantisme, Nejib Ayed a mis l’accent sur la spécificité africaine et arabe des JCC. Il a, à cet égard, tenu à rappeler l’engagement renouvelé cette année aussi aux fondamentaux des JCC en tant qu’un festival arabo africain qui s’attelle à réaliser l’équilibre entre ces deux dimensions, un festival sud-sud enraciné dans les trois continents, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique Latine et enfin un festival militant œuvrant à consacrer les valeurs du dialogue et de la tolérance. Nejib Ayed a, dans ce contexte, souligné que les JCC disposent d’ores et déjà d’une identité et ne cherchent nullement à s’identifier à d’autres manifestations.
L’édition 2018, a-t-il précisé, se caractérise par la création et le renforcement de la plateforme “Carthage Pro” avec ses 4 sections : Chabaka, Takmil, Master class, et une conférence autour des nouvelles formes de financement. Et d’ajouter “Avec Carthage Pro”, les JCC ambitionnent de devenir une plateforme professionnelle incontournable pour la promotion du cinéma arabe et africain dans le monde.
Sur la scène du Théâtre de l’Opéra, ce fut à la danse d’ouvrir la fête avec un spectacle chorégraphique exécuté par Sondes Belhassen qui a tenu à rendre hommage au 7 ème art et à son pouvoir transcendant à travers le rêve et l’imaginaire. Par les métaphores du corps en mouvement, elle a dessiné un Tanit, l’emblème mythique des JCC qui, pour cette édition réservent une place de choix aux quatre pays hôtes à savoir l’Irak, l’Inde, le Brésil et le Sénégal dont les cinémas seront visibles notamment dans la section “Focus”.
Après la présentation des films en compétition officielle dans les différentes sections et les jurys, le public a assisté à la projection du film d’ouverture “Apartide ” de Narjiss Nejjar, réalisatrice marocaine qui traite dans son oeuvre de l’expulsion de 45.000 marocains de l’Algérie en décembre 1975. Le film raconte l’histoire de Hénia une femme de 35 hantée par une enfance déchirée et cet exil forcé qui a séparé beaucoup de familles marocaines et algériennes mixtes. La réalisatrice met en scène d’une manière poétique l’obsession de l’héroïne de retourner en Algérie pour retrouver sa mère après avoir été poussée à l’exil avec son père à l’âge de 12 ans.
Il est à noter que les JCC 2018 (3-10 novembre 2018) seront marquées par la projection de 200 films sélectionnés de 47 pays dont 44 films en compétition officielle. Parmi les films sélectionnés, 54 films arabes et 15 films seront projetés en première mondiale au niveau africain et arabe.