Tunisie : Le nouveau gouvernement Essid est-il un gouvernement de combat?

gouvernement-essidDepuis mercredi 6 janvier 2016, la Tunisie compte un nouveau gouvernement qui sera présidé –encore- par Habib Essid. Cependant, le gouvernement Essid II se démarque du premier par plusieurs changements notables.

D’abord, le nouveau gouvernement de Habib Essid ne comporte aucun secrétariat d’Etat. Ensuite, plusieurs départs importants: Gharsalli quitte l’Intérieur, Baccouche n’est plus le chef de la diplomatie tunisienne, le Commerce change de titulaire, idem pour les Affaires sociales, la Justice, la Culture et le Transport.

Puis, on note la création d’un vrai ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption. De mémoire de journaliste, c’est une première en Tunisie.

Le nouveau gouvernement d’Essid enregistre également l’arrivée d’un ancien ministre du gouvernement Laarayadh à la tête du ministère des Mines et de l’Energie, Mongi Marzouk, qui fut ministre des TIC.

On remarquera aussi la scission du ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines en deux entités distinctes. De ce fait, on aura désormais un département de l’Industrie, qui aura à sa tête Zakaria Hamad, et celui des Mines et Energie qui échoit donc à Mongi Marzouk.

Ceci étant, on constate que pour un petit pays comme la Tunisie, ce gouvernement est pléthorique. Par conséquent, il est loin d’être «un gouvernement de combat» comme on l’aurait souhaité, car plus un groupe est nombreux, moins on fournit d’effort, avec un risque flagrant de chevauchement des prérogatives et des domaines. Mais que voulez-vous, c’est cela le lot des coalitions dans un gouvernement: chacun veut avoir sa part.

Concernant Kamel Ayadi à la tête du ministère de la Fonction publique, de la Gouvernance et de la Lutte contre la corruption, c’est une lourde responsabilité pour lui.

En effet, dans tous les pays qui ont hérité un mode d’administration publique à la française, la fonction publique c’est un mammouth, pour paraphraser Claude allègre qui qualifiait ainsi le ministère français de l’Education… Lourdeurs, fainéantise, corruption, nonchalance… voilà ce qui caractérise notre administration, surtout depuis la révolution de 2011.

Alors on se demande comment cet expert anti-corruption, mondialement connu et reconnu pourrait réussir dans les eaux trop troubles d’une administration trop minée au cours des cinq dernières années surtout. Les défis sont immenses avec des moyens humains et financiers certainement trop modestes pour accomplir comme il se doit sa tâche, et ce en dépit de ses qualifications, son expérience en la matière et surtout son énergie et son patriotisme. On dit souvent qu’à cœur vaillant rien d’impossible, mais dans le cas de la Tunisie d’aujourd’hui, on craint que cela ne suffise.

Pour le reste, pas trop de changements pour certains ministères clés, comme l’Investissement, la Défense nationale, l’Education nationale, les Finances, l’Enseignement supérieur. Et au-delà de la couleur politique des uns et des autres, la valeur travail au sens noble du terme doit primer sur toute autre considération. Ils doivent être conscients que le salut de la Tunisie repose désormais sur leurs épaules.

Seront-ils à la hauteur de cette responsabilité? Seuls les prochains mois nous le diront.

Tallel BAHOURY