Première performance artistique tuniso-italienne sur les vestiges de Carthage

Les vestiges de Carthage sur la colline de Byrsa, située au Musée de Carthage, a été, samedi après-midi, le théâtre d’une performance artistique tuniso-italienne, la première du genre sur un musée tunisien, à faire raconter l’histoire des sites archéologiques, à travers des artistes qui interprètent des histoires partagées.

«Nostoi Carthage 2015» ou Histoires de retours et d’exodes, un tableau assuré par treize jeunes artistes tunisiens et autant italiens, tous habillés en blanc, ont fait le tour des différentes pièces des ruines du Musée, relatant des fragments de mémoire commune et l’héritage historique de Carthage à travers les époques et les civilisations, en alternant la lecture de textes en arabe et en français.

Décrivant le parcours des artistes, lors de cette première performance, Kais Rostom, directeur artistique du Chantier, fait un résumé des différentes étapes franchies qui commencent «par l’entrée, la bibliothèque, le temple jusqu’à l’espace punique» accessible par des escaliers qui mènent en bas.

Selon Rostom, «les préparatifs de ce projet assuré par des jeunes artistes de toutes les disciplines dont des peintres, photographes et acteurs, ont duré trois semaines dont la première a été consacrée à la recherche scientifique, la seconde à la rédaction des textes et la troisième aux répétitions».

Ce premier projet artistique et archéologique est divisé en deux phases dont la première, organisée en Italie les 28 et 29 mars dernier, a été marquée par des performances sur deux jours interprétés par des artistes italiens et tunisiens sur le site de Populonia en Toscanie.

La seconde phase qui a lieu actuellement sur deux jours, en Tunisie, «regroupe les mêmes membres avec des performances dont le contenu diffère de celui présenté en Italie», déclare Rostom.

“Les jeunes ont exploré par leurs voix les vestiges de Byrsa touchant les différentes civilisations s’étant succédées sur Carthage. Partant de l’ère Numide représentant les racines Amazighs de Carthage, Punique, Romaine, Chrétienne jusqu’à l’époque Arabo-Musulmane”, explique Valeria Meneghelli, assistante artistique.

Ce regard artistique sur les ruines de Carthage faisant partie du programme multilatéral de coopération transfrontalière “Bassin Maritime Méditerranée”, propose «une vision artistique qui arrive jusqu’à l’époque contemporaine, à travers une réflexion innovatrice artistique sur l’archéologie et l’histoire de Carthage”, ajoute Meneghelli.

“Pour le chantier de Nostoi, il y a eu une sélection d’artistes émergents afin de présenter ce projet expérimental et une réflexion sur le tas pour la promotion des sites archéologiques dans un esprit qui tend à réunir les peuples de la méditerranée qui ont eu la même histoire”, assure Mohamed Ben Youssef, coordinateur local, représentant le Théâtre National de Tunis (TNT).

Parlant de cette collaboration italo-tunisienne, Ben Youssef rappelle qu’il s’agit d’un projet méditerranéen organisé par le TNT, lequel s’est chargé de la réalisation de ce chantier artistique, et l’Agence de Mise En Valeur du Patrimoine et de la Promotion Culturelle (Amvppc) qui assure le côté scientifique et archéologique du Nostoi Carthage, sachant que ce dernier bénéficie du soutien de l’Union Européenne (UE).

Organisé par le chef de file européen, «La Cooperativa Archeologica», Nostoi Carthage réunit également La Fondation Fabbrica Europa de Florence pour les arts contemporains (Italie) et le Centre national de la recherche scientifique de Marseille (CNRS- France) ainsi que plusieurs autres partenaires européens.

Historien et archéologue, Sow Daouda est le Coordinateur scientifique du projet représentant l’Amvppc qui est impliquée sur trois niveaux à ce projet Slon Saow, le premier volet concerne la formation des jeunes bloggeurs pour la valorisation du patrimoine archéologique et historique à travers les réseaux sociaux qui ont eu une formation en Tunisie et en Italie.

Afin d’assurer plus de visibilité à ce projet, l’Amvpp a eu recours au savoir-faire de bloggeurs dont Zied Faiez et Sonia Ben Jomaa qui ont été chargés de vulgariser les différents préparatifs de Nostoi 2015 en Italie et en Tunisie, sur les réseaux sociaux.

Le second Volet est assuré par la «Coopérativa Archeologica» qui s’est occupée de la formation des architectes de l’Amvppc sur les techniques de la photogrammétrie (qui consiste à prendre des séries de prises de vue d’un objet ou monument pour pouvoir faire une restructuration en 3D), alors que le troisième volet c’est le côté organisationnel des deux jours des performances.

Expliquant le but de ce projet, Sowe parle d’une action de «sensibilisation des populations du Bassin méditerranéen à ce que nous avons en commun en Méditerranée, cette histoire commune».

L’innovation de ce projet réside dans la volonté de “promouvoir l’archéologie par le langage artistique et les réseaux sociaux, surtout face au peu d’engouement chez les gens à visiter les musées pour connaître leur patrimoine historique et archéologique”, explique l’archéologue.

«Nostoi Carthage 2015» a été ouvert samedi à 15h30 par trois visites expérimentales guidées d’une durée d’une heure chacune. Les visites devraient reprendre dimanche 17 Mai avec trois autres performances aux mêmes horaires (de 15h30 à 16h30, de 17h à 18h et de 18h30 à 19h30).

Conditionnés par des exigences de la direction artistique, les organisateurs de Nostoi Carthage disent avoir opté pour des performances en présence d’un nombre réduit de personnes. Idem pour la médiatisation du projet qui était également ciblée.