Tunisie : Enquête pour établir les responsabilités et renforcement des moyens de la police et de l’armée

Un certain nombre de mesures en rapport avec les développements de la situation sécuritaire à la suite de la sanglante attaque terroriste de mercredi au Bardo ont été décidées au cours de la réunion conjointe du Conseil supérieur des armées et du Conseil supérieur des forces de sûreté intérieure, tenue jeudi au Palais de Carthage.

Ces mesures ont été annoncées par le chef du gouvernement, Habib Essid, lors d’une conférence de presse tenue, en cours d’après-midi, au Palais du gouvernement à la Kasbah.

Il a été ainsi décidé de diligenter une enquête approfondie pour déterminer les responsabilités en lien avec l’opération terroriste et les éventuels dysfonctionnements du système sécuritaire dans son ensemble, qu’il s’agisse de la protection des bâtiments du parlement, du musée attenant et de leur environnement commun, ou de la sécurisation des déplacements des touristes, depuis leur débarquement des bateaux de plaisance et jusqu’aux sites de visites.

Selon le chef du gouvernement, les investigations ont permis de réunir un certain nombre de données et de procéder à des interpellations. Il s’est refusé a en dire davantage sur ce point, invoquant “le secret de l’instruction” et le souci d’en assurer le bon déroulement.

“Si toutefois des responsabilités viennent à être établies concernant des manquements, les mesures coercitives appropriées ne manqueront pas d’être prises à l’encontre des éventuels coupables”, a-t-il dit.

Il a été, aussi, décidé au cours de la réunion, a ajouté Habib Essid, d’accroître la surveillance des zones touristiques et les institutions de l’Etat susceptibles d’être les cibles des groupes terroristes et de rétablir les points de contrôle dans la capitale, “qui bénéficieront de l’appui de l’armée”. Toujours selon le chef du gouvernement, il a été convenu de parfaire la coordination entre l’armée et les forces de sécurité intérieure au niveau opérationnel, par la réactivation de la coordination entre les salles d’opérations respectives des ministères de l’Intérieur et de la Défense nationale.

Pour ce qui est de la logistique, il a été décidé de donner aux forces de sécurité et à l’armée les moyens nécessaires, “dans le cadre de la coopération avec les pays frères et amis”.

Sur ce point précis, le chef du gouvernement n’a pas écarté l’éventualité d’emprunter des équipements sophistiqués pour les utiliser dans les opérations sécuritaires et militaires et faciliter les missions de reconnaissance nocturne, en attendant la livraison des hélicoptères commandés par la Tunisie.

De même, l’armée et les forces de sûreté intérieure seront équipés en matériel logistique destiné à permettre une plus grande rapidité d’intervention et une meilleure réactivité en cas d’opérations terroristes comparables à ce qui s’est passé au musée du Bardo.

A cet effet, la part revenant aux institutions sécuritaire et militaire dans le budget additionnel sera revue à la hausse”, a indiqué Habib Essid, précisant que, dans le cas d’espèce, il pourrait être fait recours à l’utilisation des économies réalisées du fait de la baisse des cours mondiaux du pétrole.

Le chef du gouvernement a annoncé pour le jour même au soir, des rencontres avec les représentants des partis, des organisations nationales et de la société civile, “pour les sensibiliser à ce que l’intérêt de la Tunisie commande la conjonction des efforts de tous et l’union face au fléau du terrorisme”.

Le chef du gouvernement a rappelé, à ce même propos, la décision prise la veille par la cellule de crise de mettre en place un comité interministériel de communication ciblant la communauté nationale et l’étranger.

“La Tunisie a pu surmonter par le passé nombre de crises grâce à la vigilance de ses enfants. Mais pour sortir de la crise présente, elle a besoin des sacrifices de toutes les parties prenantes nationales”, a-t-il déclaré. Interrogé sur le cas des pages de réseaux sociaux qui annoncent les opérations terroristes avant même qu’elles ne se produisent, Habib Essid a indiqué que les services techniques suivent cette question et travaillent sur ce dossier, de concert avec le ministère des technologies de la communication.

A la question de savoir si l’objectif initial était, oui ou non, d’attaquer le siège du parlement, Habib Essid a estimé que, de toutes façons, le parlement a été “d’une manière ou d’une autre la cible des terroristes puisqu’il partage le même environnement avec le musée du Bardo”, indiquant que les investigations se poursuivre à ce sujet et que leurs résultats seront annoncés ultérieurement.