Tunisie – Médias : Apologie de la drogue en direct à la Télé !

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Que l’on cherche à faire de l’audimat en usant du sensationnel, nous pourrions le comprendre, mais que l’on banalise un phénomène grave de conséquences sur nos jeunes et pénible pour leurs familles, c’est irresponsable, immoral, non éthique et non professionnel !

« Inti ma tikayefch ? Lé ena man nitkayef ken ill y chayaknhi, ma ya3mel Chay Edokhan, yijbid wa kahaw » (Est-ce que tu fumes ? Non je ne fume que ce qui me rends euphorique, le tabac n’a aucun effet sur moi, d’ailleurs il n’a aucun effet, on aspire quelque chose et c’est tout).  Cet échange a été tenu entre Naoufel Ouertani, producteur et animateur de l’émission «Labbess» sur la chaîne Ettounssia, et Kafon ! C’est le genre d’abus que nous voyons très souvent ces temps-ci sur la chaîne Ettounssia. Une chaîne qui agit en toute impunité devant l’inefficience de la HAICA, l’absence de réactions conséquentes de la part des acteurs de la société civile et des partis politiques et qui ne réagissent pas face aux dangers de telles déclarations télévisées sur l’avenir et la santé de milliers de jeunes tunisiens ! Parmi ces jeunes, nombreux sont ceux qui militent aujourd’hui pour la légalisation de la consommation des stupéfiants.

Ils s’y investissent beaucoup plus que pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement, pour plus de participation et de présence dans la vie socio-économique et politique du pays. Ces jeunes-là sont dans l’ignorance de revendications autrement plus importantes telles l’amélioration des infrastructures et des commodités dans les régions comme les réseaux routiers, les maisons de jeunes et de culture et l’aménagement de zones industrielles.

Nous aurions tout vu et tout vécu ces temps-ci jusqu’à l’apologie de la consommation du hachisch interdite par la loi et la mise en avant des grands talents (sic) tels Kafon, l’idole des jeunes épris du RAP mais avec quel contenu ! Kafon qui tient lui-même à préciser qu’il n’est pas un rappeur mais un ragaman.

Kafon devenu un exemple pour les jeunes?

Dans d’autres pays, les Kafon et autres « artistes » excentriques sont des phénomènes qui font leur petit bout de chemin et disparaissent au fil du temps. Ceux qui restent sont les véritables talents, les meilleurs, ceux qui ont transformé un mode musical, cinématographique, théâtral, technologique et j’en passe.

Dans les pays où l’on respecte les véritables talents et où l’on veut que les jeunes les prennent comme exemples on voit les Michael Jackson, les Marc Zuckerberg, les Bill Gates et les Whitney Houston. Les feuilletons télévisés comme Glee mettent en avant les capacités artistiques, créatrices, morales et éthiques des jeunes, dans notre pays, avec tout le respect que je dois à Kafon et le talent dont il peut se prévaloir, il ne peut en aucun cas être le meilleur exemple pour les jeunes surtout lorsqu’il fait le plaidoyer des drogues douces.

Pour Kafon, les élections sont une occasion pour lui de gagner « du pain » tout en faisant du militantisme « Je comprends ce qui se passe dans le pays, j’exprimerais mes opinions librement et si je dois émettre des critiques à travers mes chansons à l’encontre de certains politiques, je n’hésiterais pas ». Reconnaissons qu’il a de la suite dans les idées…

En attendant, voici le genre de messages nocifs que passe Kafon à travers « Labess » : « Norgod Benhar w nikhdim, nmazzik billil » (Je dors la journée et je me lève la nuit).

Mais il n’y a pas que l’apologie des drogues douces, il y a en plus celle de l’alcool qui se fait sur le plateau Nawfel Ouertani. Peut-on le reprocher à Kafon ? Peut-être pas. Parce que c’est un personnage qui exprime à lui seul la détresse d’une jeunesse et l’art de l’exprimer par le chant comme il le dit lui-même et par un mode de vie qui ne doit en aucun cas être couvert ou légitimé. Doit-on en faire un héros et banaliser ce qui est interdit par la loi ?

Est-il normal que dans une télévision où l’on s’adresse au grand public, on transforme une récitation que l’on apprenait dans les écoles primaires en un appel à la consommation de la «zatla»? «ena el fata ellatifou, mouhadhabon nadhifou, akoumou fissabahi souti michrab mibhahi, farhane barcha bel otla, wkaiet cigarou zatla, nibraki kif el atfeli wal habssou lirrijeli, mil kraya fadditou wi nihib nirkich taht il hitou». (Je suis le petit enfant propre, poli et gentil, je me lève le matin avec la voix rouillée par l’alcool, heureux de l’arrivée des vacances, je fume un joint, je fais des braquages comme des enfants, et pourquoi pas, la prison c’est pour les hommes, mes études m’ennuient, je préfère me reposer).

La honte! Que fait le parquet, la HAICA et la société civile face à cette prétendue liberté d’expression débridée et nocive exprimée par un Nawfel El Ouartani qui ne respecte aucune limite?

Même les enfants n’échappent pas à cet humour irresponsable et impensable dans un pays où les valeurs perdent de plus en plus de leur valeur pour que les télévisions privées en profitent faisant de ces programmes leurs fonds de commerces aux dépens d’un minimum de bienséances et de correction !

Est-ce comme cela que l’on conçoit la liberté d’expression sur Attounssia? La liberté de créer, de produire? Aux Etats-Unis, ce sont les chaînes câblées qui osent ce genre d’humour indécent et licencieux. Mais dans un pays où il n’y a ni lois ni Etat, tout est admis.

L’Etat est mort tout est permis et les Nawfel Ouertani et autres animateurs sont devenus légion. Quel dommage pour la Tunisie!