Réunis du 16 au 19 décembre à Sfax, les participants à la réunion de réflexion autour du projet de l’inscription de la ville de Sfax sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco ont proposé d’inclure, dans le dossier de candidature qui comprend la médina de Sfax, la ville européenne ou nouvelle c’est à dire Bab Bhar créé en face du côté est des remparts, (quartier installé à la fin du 19ème siècle lors de la période coloniale) et les Borjs (littéralement forteresses, isolées au milieu d’immenses vergers, jnens, aux alentours du XVIIème siècle).
Expert de l’Unesco, Mohamed Oueld Khattar a indiqué à l’agence TAP que cette proposition constitue en soi une réflexion sur la meilleure façon de proposer la ville de Sfax en considérant son histoire comme ensemble urbain au delà des limites de la ville historique qu’est la médina.
L’objectif d’introduire cette nouvelle composante est de répondre au mieux aux critères de l’Unesco stipulant notamment que l’ensemble proposé doit offrir un héritage partagé par plusieurs grandes cultures de l’histoire humaine à savoir antique, islamique et européenne, et de témoigner de la sorte d’un échange d’influences sur le développement de l’architecture et de la planification de la ville. En effet, la conception de Bab Bhar illustre selon l’Unesco, une inspiration du patrimoine architectural de la médina et une volonté délibérée d’harmonie entre les deux ensembles, l’historique et le colonial.
Il a, dans ce sens, cité l’exemple du Maroc qui a réussi à inscrire le site de “Rabat, capitale moderne et ville historique, un patrimoine en partage” sur la liste du patrimoine mondial grâce à un ensemble doté de plusieurs composantes différentes à la fois: la ville nouvelle, la médina et les jardins d’essais. A ce propos, il a soulevé que l’Unesco est disposée à apporter son aide pour favoriser les chances d’inscrire Sfax sur la liste définitive du patrimoine mondial. De ce fait, il a relevé que cette réunion sert de plateforme idoine pour échanger les expériences et les idées avec des pays qui ont réussi à inscrire des parties de leur patrimoine sur la liste de l’Unesco.
Karim Hendili, expert et représentant du centre du patrimoine mondial auprès de l’UNESCO, a indiqué que la ville de Sfax dispose de tous les atouts favorisant son inscription sur la liste du patrimoine mondial, insistant sur l’exploitation du critère du paysage urbain et la valorisation du rôle de la Médina, en tant que site historique éminent dans le développement économique et social, dans le dossier de proposition d’inscription.
De son côté, Abdellatif M’rabet, directeur général du département du patrimoine au ministère de la culture, a mis en exergue l’importance de l’action commune entre les parties concernées, structures culturelles, autorités locales et régionales et société civile, dans le processus d’inscription de la Médina de Sfax.
De leur côté, des représentants de la communauté locale participant à la séance d’ouverture hier ont évoqué la nécessité de faire participer la société civile dans la réalisation du projet, appelant à une meilleure gestion de l’espace de la Médina, mais aussi les maisons du “borj” en voie de disparition en raison de l’extension urbaine.
Quant au président de la délégation spéciale de la municipalité de Sfax, Mabrouk Kssamtini, il a appelé à la mise en place d’un plan de sauvegarde propre à la ville de Sfax aux niveaux environnemental, culturel et sécuritaire, avec la participation de toutes les parties, notamment, les autorités administratives et sécuritaires et la société civile.
Les débats se poursuivent jusqu’au 19 décembre afin d’identifier la meilleure formule de présentation du dossier de proposition d’inscription de Sfax sur la liste du patrimoine de l’UNESCO et de mettre en place une feuille de route relative au processus d’inscription sur la liste du patrimoine mondial.