Le rapport de la commission d’enquête sur les évènements de novembre 2012 à Siliana relève une « utilisation excessive et injustifiée de la force » de la part des agents de sécurité.
La police n’a pas adopté une démarche progressive pour dissuader les manifestants ( Haut parleurs, canons à eau, gaz lacrymogène), constate la commission, créée par le Forum tunisien pour les libertés économiques et sociales (FTDES). Dans ce rapport, 208 témoignages ont été recueillis auprès des blessés, des syndicalistes, des représentants des autorités régionales et sécuritaires, des cadres médicaux et paramédicaux qui ont tous confirmé un recours arbitraire à la chevrotine. Le recours à des agents inexpérimentés dans la gestion des manifestants a été à l’origine de l’escalade des tensions, constate le rapport. L’usage de la chevrotine a débuté le 27 novembre 2012.
Le lendemain, ce type de munition a été utilisé d’une manière intensive pour disperser les manifestants, touchant des dizaines de personnes au visage, selon la même source. Lors des courses-poursuites engagées dans la soirée du 27 novembre 2013 dans des quartiers populaires, des bombes lacrymogènes ont été jetées à l’intérieur des cours de maisons et de locaux de commerce fermés. Face à la violence de la police, les manifestants ont riposté par des jets de pierres et de bouteilles incendiaires. Certains d’entre eux ont fermé les principaux accès des délégations de Makthar, Bargou et Laroussa.
La commission note aussi que les balles de chevrotine ont visé le visage et le dos, ce qui prouve que les agents de sécurité n’étaient pas dans état de légitime défense. De plus, l’utilisation de la chevrotine dans divers endroits au même moment, pousse à s’interroger si des directives n’avaient pas été données dans ce sens et à réfuter l’hypothèse d’une initiative individuelle des agents déployés sur le terrain.
Les bombes lacrymogènes remonte à 1984. Il s’agit des mêmes utilisées à Thala et Kasserine lors des évènements qui ont suivi la révolution, constate la commission. Sur un autre plan les membres de la commission affirment dans ce rapport que l’absence de neutralité politique chez le gouverneur de Siliana est un des facteurs qui ont aggravé la crise. Ils considèrent que le responsable régional a refusé de s’entretenir avec les représentants de la société civile et des partis politiques et s’est contenté de discuter avec des associations proches du mouvement Ennahdha.
« L’absence de dialogue, notamment avec l’Union régionale du travail a abouti à l’accélération du rythme des mouvements de protestation et le recours à l’option sécuritaire, en plus de l’échec de la Troika à gérer la crise et de l’opposition à s’ériger en force de proposition» note le rapport. Les membres de la commission ont appelé à réparer les préjudices subis par les victimes de la chevrotine et à garantir leur droit de voir les coupables arrêtés et jugés.
Ils demandent d’activer la réforme de l’appareil sécuritaire et d’asseoir les fondements d’une sécurité républicaine. Cent avocats ont déposé des plaintes auprès du tribunal militaire en rapport avec les événements de novembre 2012 à Siliana contre l’ancien chef du gouvernement Hammadi Jebali, l’ancien ministre de l’intérieur Ali Larayedh, ( actuel chef du gouvernement) et plusieurs cadres de la sûreté nationale.