Avec un retard d’environ une heure, les 16èmes Journées Théâtrales de Carthage (JTC) se sont ouvertes vendredi soir du Théâtre municipal de Tunis. Une ouverture qui rappelle celle des Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2012) avec des bousculades et un manque d’organisation qualifié par certains invités d'”honteux”.
Et même si le tapis rouge a été déroulé, l’ouverture a été “froide”, en l’absence de l’aspect cérémonial et de l’ambiance joviale.
Sans discours d’ouverture officielle, ni mots de bienvenue, la première soirée inaugurale à laquelle étaient présents le ministre de la culture Mehdi Mabrouk, des membres du corps diplomatique accrédités en Tunisie ainsi que des hôtes étrangers dont l’actrice égyptienne Samiha Ayoub et l’artiste marocain Abdelhak Zerouali, a été marquée par la quasi-absence de sommités théâtrales tunisiennes aux noces du quatrième art.
Sous haute surveillance sécuritaire, l’accès au Théâtre municipal de Tunis n’a été possible que par une seule porte ce qui a provoqué désagréments et déceptions auprès des invités et hôtes de cette 16ème édition qui s’est directement ouverte par la pièce “Tsunami”. Et pour voir Tsunami, le comité directeur (qui avait annoncé auparavant que seules les chaises orchestre ne vont être exploitées et ce, pour des raisons de sécurité), a décidé à la dernière minute de faire occuper les 850 places de la Bonbonnière.
Vu l’affluence massive du public voulant assister à la pièce, le ministère de la culture a, quelques heures avant le lever de rideau, décidé de la programmer demain samedi à partir de 20h00 au Théâtre Municipal de Tunis.
Cette pièce est la première oeuvre théâtrale du duo Fadhel Jaibi et Jalila Baccar, après la révolution du 14 janvier 2011. Une oeuvre à travers laquelle ils mettent en garde contre l’établissement en Tunisie d’un Etat islamique, en rappelant les dangereux événements survenus lors de la période post-révolutionnaire.
Présentée dans le cadre de la 49ème édition du festival international de Carthage, “Tsunami” est une politique-fiction qui cristallise les enjeux et les contradictions de la révolution tunisienne en y remettant au centre la place des femmes et des jeunes. Une oeuvre qui s’inscrit dans le prolongement d’Amnesia, dominée par la question de la mémoire “Un pays sans mémoire est un pays qui ne sait jamais où il va”. Autant d’interrogations à l’image d’un homme de théâtre connu pour ses choix qui suscitent auprès du public un désir impérieux de décoder la pièce, pour décrire comme il l’a toujours fait, des situations, des désillusions, des maux…avec en tête d’affiche au sommet de leur art: Jalila Baccar et Fatma Ben Saidane.
// L’avenue Habib Bourguiba au rythme d’un marathon artistique non-stop //
Depuis 15 heures de l’après midi, l’avenue Habib Bourguiba a vécu au rythme d’un marathon artistique non-stop. Des tableaux vivants formant une véritable chorégraphie soutenue par les rythmes de la musique traditionnelle et folklorique, n’ont fait qu’enchanter les passants, avertis, curieux et amateurs, pour célébrer en fanfare les 16èmes JTC. Sous le contrôle massif des unités sécuritaires, les festivités ont été marquées par l’exposition de 10 sculptures sur pierre marbrière où le langage du corps est le thème central. Ces sculptures sont les oeuvres d’artistes tunisiens et étrangers ayant participé au premier symposium international de sculpture sur pierre marbrière (30 octobre-16 novembre 2013).
Le happening, conçu par l’homme de théâtre et chroniqueur Slim Sanhaji avec le concours de la délégation culturelle de Tunis, a consisté en une véritable parade à laquelle ont pris part des artistes circassiens, des troupes folkloriques et le duo de la nouvelle vague Sofiane Safta et Yasser Jradi. Des spectacles de rue variés ont donné à voir un tourbillon d’images servies par de multiples expressions artistiques qui se sont réunies en symbiose pour fêter le théâtre. Une biennale qui se poursuit pendant neuf jours non-stop avec au menu 39 pièces tunisiennes et 51 autres en provenance de 22 pays maghrébins, arabes, africains et européens.