Fermeture des cafés, restaurants : Le conseiller du président au ministre des affaires religieuses

Dans un post publié le mardi 9 juillet 2013 sur sa page facebook, Aziz Krichen réagit à l’appel à la fermeture des cafés et restaurants du ministre des affaires religieuses Noureddine Khadmi, pendant le mois de Ramadan:

Je viens de lire que M. Noureddine Khadmi, ministre des Affaires religieuses, demande aux Tunisiens de respecter les rites religieux durant le mois de Ramadan et aux restaurateurs et cafetiers de fermer leurs établissements à cette occasion.

M. Khadmi est-il dans son rôle en tenant ce genre de discours ? De la part d’un prédicateur, cela n’étonnerait personne. Venant d’un membre du gouvernement, c’est autre chose. La Tunisie est certes un pays musulman, mais on y trouve beaucoup de résidents et de citoyens qui ne sont pas musulmans. On y rencontre aussi beaucoup de musulmans non pratiquants. M. Khadmi, comme ministre de la République, leur doit à tous la même considération. Et il est tenu, de par ses fonctions, à ne pas établir de discrimination entre eux.

Les musulmans pratiquants ont le droit d’exercer leur culte, et le devoir du ministre est de faire respecter ce droit. Les non pratiquants et les non musulmans ont le droit d’aller au café et au restaurant, et le devoir du ministre est de ne pas faire obstacle à l’exercice de ce droit. Ce n’est pas plus compliqué.

L’Assemblée nationale constituante est en train de mettre la dernière main au texte de notre prochaine Loi fondamentale. Il y est question de liberté religieuse, de liberté de conscience et d’Etat civil (madani), c’est-à-dire non religieux. Je recommande à chacun de s’y reporter, de lire attentivement les articles concernés, et de faire l’effort de les comprendre et de les assimiler. Ces articles n’ont pas été rédigés pour le décorum, ni pour faire de la promotion à l’étranger, mais pour garantir les droits et les libertés de nos concitoyens et définir le cadre juridique de notre vivre-ensemble. Personne, fût-il ministre des Affaires religieuses, ne peut se comporter comme si ces dispositions démocratiques – et légales – n’existaient pas.