Deux ans après la Suède, la sélection tunisienne de handball retrouve le grand rendez-vous mondial, à l'occasion du championnat du monde, organisé en Espagne, du 11 au 27 janvier, avec l'objectif de relever le défi de franchir le cap du premier tour, dans un groupe de fer formé des ténors du handball mondial, comme la France et l'Allemagne, ou encore le Monténégro, le Brésil et l'Argentine.
Un défi qui a été confié à un groupe formé, essentiellement, de joueurs, jeunes et nouveaux, issus de l'équipe juniors, certes manquant d'expérience au double plan continental et international, mais talentueux et animés d'une forte détermination à s'illustrer dans cette 23ème édition et à représenter dignement le handball africain.
Pour sa neuvième participation consécutive à un championnat du monde, depuis l'édition d'Islande-1995, l'équipe tunisienne qui passe par une étape transitoire, suite au départ à la retraite internationale, du quatuor Haykel Megannem, Wissam Hmam, Anouar Ayed et Wissem Bousnina, abordera la compétition dans un contexte et dans un état d'esprit différents.
Mais la confiance règne dans ce groupe coaché par le Francais Alain Portes, qui a réussi l'exploit de qualifier la Tunisie aux derniers Jeux Olympiques de Londres 2012, pour la première fois depuis Sydney 2000, et qui a misé, pour l'Espagne, sur plusieurs joueurs de l'équipe juniors. Une prestigieuse réputation précède la Tunisie. Sur la scène contientale, avec un record de neuf sacres africains remportés (1974, 1976, 1994, 1998, 2002, 2006, 2012 et 2012), et quatre finales perdues (1992, 1996, 2004, 2008), outre 7 médailles de bronze. Quant à l'échelle internationale, la Tunisie a fait jeu égal avec les plus prestigieuses sélections européennes. Sa quatrième place au Mondial 2005 en est le meilleur exemple.
Lors de cette édition, organisée en Tunisie, les Aigles de Carthage avaient impressionné par tant de combativité et de bravoure, notamment lors de la demi-finale perdue face à l'Espagne, vainqueur du tournoi, ou encore, face à la France lors du match pour la 3ème place. Une performance qui restera dans les annales du sport national, et qui a permis aux Tunisiens d'égaler le record de l'Egypte, 4ème lors du Mondial-2001 en France.
Autres exploits à mettre à l'actif des Aigles de Carthage, la qualification à la Coupe du monde 2006 en Norvège, et une place de finaliste lors du tournoi des Jeux Méditerranéens de Tunis 2001. L'équipe tunisienne a, également, pris part à trois jeux olympiques Munich 1972, Atlanta 1996 et Londres 2012 où elle a signé sa meilleure performance avec une 8ème place au classement final.
La préparation du sept national en vue de ce rendez-vous mondial a débuté à la mi-décembre dernier, avec des stages en Tunisie et à l'étranger. Après un premier regroupement à Hammamet, du 14 au 22 décembre, axé sur le volet physique et ponctué par une double confrontation amicale, remportée par le sept national, les coéquipeirs de Slim Hedoui se sont rendus en Islande du 26 au 30 décembre. A Rejkjavik, les Aigles de Carthage ont concédé deux défaites qualifiées par Alain Portes de "douloureuses", mais qui ont, selon lui, "permis aux joueurs d'ouvrir les yeux et de se remettre en question", a-t-il affirmé.
Le groupe s'est, ensuite, déplacé, au Danemark, pour disputer un tournoi international avec des équipes de haut niveau. Les deux premiers matchs qui se sont soldés par deux courtes défaites devant le Danemark (29-30) et la Slovénie (23-28), ont permis de corriger les lacunes, et le résultat ne s'est pas fait attendre avec la victoire face au Monténégro (30-28), adversaire de la Tunisie au 1er tour du Mondial. Un succès qui a donné aux jeunes joueurs plus de confiance et de determination.
De retour à Tunis, les coéquipiers de Issam Tej, capitaine et vétéran de l'équipe, dont l'apport sera précieux dans l'encadrement de ses jeunes coéquipiers, ont effectué leur dernier stage de préparation jusqu'au jour de leur départ pour l'Espagne. Pour leur entrée en lice dans la compétition, les protégés d'Alain Portes affronteront la France, poids lourd du handball mondial, et un des plus sérieux prétendants au titre, au regard de son prestigieux palmarès: 4 fois championne du monde (1995, 2001, 2009 et 2011), deux titres olympiques (2008 et 2012) et deux fois championne d'Europe (2006, 2010). Les "Experts" (surnom de l'équipe de France), coachés par Claude Onesta, depuis 2001, comptent dans leur rang les meilleurs "bras" du monde, à l'image du capitaine, Jérome Fernandez (35 ans, Toulouse), meilleur marqueur avec pas moins de 1323 buts, Nicolas Karabatic (36 ans, Kiel/Allemagne), désigné en 2007 meilleur handballeur du monde, ou encore Michael Guigou (30 ans, Montpellier) et le charismatique gardien Thierry Omeyer (36 ans, Kiel), qui a largement contribué au succès de son équipe, notamment, lors de la demi-finale des derniers Jeux olympiques de Londres, face à la Croatie, où il a réussi un total de 19 arrêts.
Alain Portes ne se fait pas d'ailleurs beaucoup d'illusion sur l'issue de ce match. Pour lui, le plus important est que ces jeunes joueurs fassent une bonne prestation et gagnent en expérience et en maturité, en affrontant les grandes nations du handball mondial. "Il ne faudra pas se tromper d'adversaires. Nous sommes dans un groupe où tout peut arriver. Nous pouvons terminer le premier tour 3èmes comme 6èmes, tout dépendra de la réussite des joueurs", a-t-il confié, lors du point de presse tenu la veille du départ pour l'Espagne. Les Tunisiens, qui n'ont pas été gatés par le tirage au sort, affronteront, ensuite, dimanche 13 janvier, l'Allemagne, autre sérieux prétendant de ce groupe "A".
Cette autre grande nation du handball européen et mondial compte 11 participations au championnat du monde, avec deux titres (1938 et 2007), une médaille d'argent en 2003, outre 6 participations aux JO, avec un seul titre reporté en 1936 et une deuxième place en 2004. Les coéquipiers de Issam Tej disputeront, mardi 15 janvier, leur troisième match face au Monténégro, une jeune équipe créée en 2006 après la dissolution de l'équipe de Serbie-Monténégro.
Le Monténégro a réussi lors des dernières années à franchir de grands pas sur la scène européenne avant d'arracher sa qualification au Mondial-2013 aux dépens de la prestigieuse équipe de Suède. Pour sa première participation à un mondial, l'équipe du Monténégro dont la plupart des joueurs évoluent en Slovénie, en Russie et en Espagne, tentera d'emboiter le pas à l'équipe féminine qui s'est offert la médaille d'argent des derniers Jeux Olympiques (Londres-2012). La qualification pour le deuxième tour pourrait bien dépendre de l'issue des deux derniers matchs de ce premier tour face aux deux formations sud-américaines, le Brésil, le 16 janvier, et l'Argentine, le 18 janvier. Sur le papier, le match face au Brésil, qui n'a jamais franchi la 16ème place en 9 participations et une 10ème position en 2004, en trois tournois des Jeux Olympiques (1992, 1996, 2004), semble à la portée des Tunisiens. Enfin, et hasard du calendrier, les Aigles de Carthage vont retrouver, de nouveau, et comme au tournoi des JO de Londres, la "Celeste", surnom de l'Argentine, pour leur dernier match du 1er tour.
Renouvelleront-ils leur exploit en arrachant comme à Londres, la qualification pour les 1/8èmes de finale? Cette deuxième confrontation va, toutefois, se jouer dans un contexte différent, avec une équipe rajeunie et manquant d'expérience, mais les Tunisiens, peuvent forcer l'exploit et s'imposer face à cette équipe, dont le meilleur classement, sur 11 participations, a été une 12ème place en 2011 et une 15ème en 2001.
DI/TAP