Tunisie – Affaire Cactus Prod : Les avocats de Sami Fehri dénoncent le non respect des droits de leur client

 Sami El Fehri, directeur général de la société de production audiovisuelle “Cactus”, a déclaré, samedi, dans un entretien téléphonique, accordé à l’agence TAP, que le mandat de dépôt émis contre sa personne “a un rapport avec l’émission satirique Les Guignols de l’Info”. Il a, dans ce contexte, précisé “qu’il se prépare à se livrer aux autorités et qu’il n’attendra pas l’arrivée de la police”, expliquant “qu’il avait essayé de présenter des émissions au niveau des attentes du public”.

“Il paraît que la liberté d’expression en Tunisie est une liberté fictive”, rétorque-t-il, preuve en est qu’il est jugé aujourd’hui pour la diffusion du programme “Ellogique Essiyassi” qui aurait “dérangé certains responsables du gouvernement”, selon ses déclarations.

Il a souligné que cette affaire revêt, de son point de vue, un caractère “politique” et qu’il a été soumis à des pressions de la part de certaines personnalités du gouvernement connues pour leur ingérence dans le secteur de l’information afin de suspendre la diffusion de l’émission les “Guignols de l’Info” qui critique sur un ton satirique plusieurs membres du gouvernement”, a-t-il déclaré.

Sami El Fehri s’est également dit étonné de la convocation de la chambre d’accusation et de la désignation d’une séance au tribunal en moins de 24 heures afin d’émettre un mandat de dépôt contre sa personne, en l’absence de l’accusé ou de sa défense, ce qu’il a considéré comme étant “un complot et un règlement de comptes” visant à briser le succès de la chaîne Ettounsiya TV, lancée le 16 mars 2012.

Il a ajouté que “les personnes impliquées avec lui dans l’affaire de “Cactus prod” se trouvent toujours en état de liberté, affirmant “qu’une puissante machine politique oeuvre à brimer la liberté et l’indépendance des médias”.

Il est à rappeler que le juge d’instruction avait maintenu Sami El Fehri en état de liberté alors que la chambre d’accusation de la cour d’appel a décidé d’émettre un mandat de dépôt à son encontre et de le déférer devant le tribunal avec les autres accusés, à savoir des anciens directeurs de l’Etablissement de la télévision tunisienne et président déchu Zine El Abidine Ben Ali ainsi que son conseiller Abdelwahab Abdallah et son beau-frère Belhassen Trabelsi.

Il convient également de signaler que l’affaire de la société “Cactus prod” consiste essentiellement en une affaire de corruption financière à travers des contrats publicitaires signés par la société “Cactus prod” et la télévision nationale, durant la dernière décennie et qui a été marquée par des dépassements, d’autant qu’un rapport d’experts-comptables avait indiqué que des dépassements financiers contrevenants aux contrats signés ont été constatés au sujet des espaces publicitaires et des profits générés sans droits.

Sami Fehri et le reste des accusés dans l’affaire “Cactus” sont sous le chef d’accusation d'”accaparation par un fonctionnaire public des deniers publics”, d'”exploitation d’un fonctionnaire de son statut pour l’acquisition de biens pour son propre compte ou pour autrui et d’atteinte à l’administration tunisienne”.

La chambre d’accusation à la cour d’appel de Tunis avait émis vendredi, selon les déclarations d’un responsable du ministère de la Justice à la TAP, un mandat de dépôt contre Sami Fehri, sans que cette source ne confirme “l’arrestation effective de Sami Fehri jusqu’à présent”.

L’avocate de Sami Fehri, Me Sonia Dahmani a indiqué, dans une communication téléphonique avec l’agence TAP, que la décision de la Cour d’appel qui représente le deuxième degrés au niveau de l’enquête “n’a pas respecté les droits de son client puisque l’accusé n’a pas été convoqué et que la défense n’a pas été informée de cette affaire, ce qui est contraire aux lois en vigueur”, selon ses dires.